A la une : la fin d'une longue traque

La mort d'Oussama Ben Laden est bien sûr à la une de toute la presse américaine. Qui rend compte des investigations ayant permis que se termine « la traque », comme titre au Canada Le Devoir, « la plus vaste chasse à l'homme jamais déclenchée ».Le New York Times raconte comment l'identification d'un messager, un « fidèle de Ben Laden, sur lequel le chef d'Al-Qaida semblait compter pour rester en contact avec le monde extérieur », a été la percée décisive après tant d'impasses. Cet homme, les détenus de Guantanamo avaient donné son pseudonyme aux militaires américains.

Puis, il y a 4 ans, les renseignements ont découvert le véritable nom du messager,  « mais il leur a fallu encore deux ans pour circonscrire la région où il opérait, [Ils l'ont] finalement localisé dans un complexe à 50 km au nord de la capitale pakistanaise ; la propriété était tellement sécurisée, tellement grande, que les officiels américains en ont déduit qu'elle avait été construite pour cacher quelqu'un de beaucoup plus important qu'un simple coursier ». Une demeure, ajoute le journal, très loin de « la grotte spartiate dans les montagnes où beaucoup pensaient que se cachait Ben Laden ».

« Sinistre apôtre »

La personnalité d'Oussama Ben Laden est aussi longuement évoquée. L'article le plus complet à cet égard est sans doute celui que publie ce matin le Los Angeles Times sous le titre « Né pour les privilèges, il est mort en paria ». Oussama Ben Laden, poursuit le journal, « rejeton de l'une des plus riches familles d'Arabie saoudite - il a passé sa jeunesse dans des demeures pleines de chandeliers en cristal, statues en or et tapisseries italiennes - [était devenu] le sinistre apôtre d'un courant du radicalisme islamique qui exaltait la violence contre les non-croyants ».

« Le visage de la terreur, comme l'appelle plus au sud El Universal, a été entraîné, selon ce quotidien vénézuélien, par la CIA dont il  a appris comment transférer de l'argent au travers de sociétés fantômes et de paradis fiscaux, comment préparer des explosifs, et comment utiliser des codes secrets pour communiquer et se cacher ». 

Conséquences dans le monde islamique

Les journaux analysent aussi les conséquences de la mort de Ben Laden dans le monde islamique. Tous ont remarqué que les Etats-Unis, par crainte de représailles, ont immédiatement relevé les niveaux d'alerte. Ce qui semble accréditer cette menace, c'est la réaction du parti islamiste pakistanais Jamat-e-Islami, rapportée à Caracas par Ultimas Noticias : « la guerre et les affrontements dans la région vont continuer, a prédit son porte-parole. Ben Laden n'était pas seul ».

Plus largement, le Christian Science Monitor pressent que la mort d'Oussama Ben Laden « va définir l'avenir de la coopération entre les Etats-Unis et le Pakistan. La stratégie d'Obama d'ordonner une action indépendante à l'intérieur du Pakistan, point d'aboutissement de l’utilisation agressive des atouts de l'intelligence américaine », et ceci malgré de sévères critiques pakistanaises, pourrait encore être renforcée, estime le site de Boston.

Sous le titre « Commandant Obama », l'analyste du journal argentin Pagina 12 renchérit : le nouveau directeur de la CIA proposé par Obama, le général David Petraeus, va « assumer sa nouvelle charge avec ce trophée d'un Ben Laden mort ; il aura les mains libres pour aller plus loin là-bas dans les opérations militaires secrètes ».

Le Wall Street Journal titre enfin sur le « soulagement au Moyen-Orient ». En Arabie saoudite et dans d'autres nations arabes, prédit-il : la mort de l'homme qui a appelé à la chute des gouvernants qui contrôlent les plus grandes réserves de pétrole au monde, de même que les villes où l'Islam est né, devrait déclencher de la jubilation ».

Unité nationale

Des conséquences, il y en a aussi en politique intérieure américaine. « Un moment d'unité nationale dans une période de profondes divisions », titre le Washington Post. « L'annonce historique du président Obama représente une immense victoire de la sécurité nationale, prédit le journal. Obama va presque certainement étre relancé politiquement ». Les réactions de l'ancien président Bush mais aussi celles des actuels chefs républicains soulignent ce sentiment d'unité.

Jusqu'à Ileana Ros-Lehtinen, la très anti-Obama présidente de la commission des Relations extérieures de la Chambre des représentants, qui affiche sa satisfaction. « La mort de Ben Laden envoie un message clair à nos ennemis, a-t-elle dit au Nuevo Herald de Miami : nous ne cesserons jamais de défendre notre liberté ». Ce qui suffit à La Nacion, en Argentine, pour affirmer Un autre climat politique se dessine aux Etats-Unis ».

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