Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
« La trahison d’un mauvais policier », « une affaire personnelle, pas institutionnelle ». Le gouvernement bolivien tente bien de minimiser la portée de l’affaire, mais celle-ci risque de décrédibiliser durablement sa politique de lutte anti-drogue.
Car le scandale ne touche pas n’importe qui. Le général de police retraité René Sanabria a en effet été durant deux ans à la tête des forces spéciales de lutte contre le narcotrafic, entre 2007 et 2009, avant de diriger une cellule de renseignement au sein du ministère de l’Intérieur.
L’affaire, de plus, intervient à la suite d’autres semblables qui ont éclaboussé ces dernières années des fonctionnaires boliviens, et même des élus du parti MAS du président Morales. « Nous sommes face à un narco-gouvernement », a réagi Ernesto Justiniano, membre de l’opposition de droite.
Si une telle conclusion semble exagérée, le constat est cependant sans appel sur l’ampleur de la pénétration des réseaux du narcotrafic dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Près de trois ans après l’expulsion de la DEA, l’agence américaine anti-drogue, du territoire bolivien, le gouvernement de Morales a certes augmenté les saisies de cocaïne et les démantèlements de laboratoire, mais donne une fâcheuse impression d’impuissance face aux trafiquants.