« La corruption sape les efforts internationaux en faveur d'une élimination des problèmes liés à la drogue », s'alarme Hamid Ghodse, président de l'Organe international de contrôle des stupéfiants, en introduction du rapport 2010 de cet organisme des Nations unies.
« En recourant systématiquement à la violence et à la corruption, en usant
d’intimidations et de chantage à l’égard des agents publics, les puissants et riches
groupes criminels organisés sont parvenus à affaiblir les services de détection et de
répression et les appareils judiciaires, insiste-t-il. La violence est souvent utilisée pour menacer ou faire taire ceux qui dénoncent leurs activités. Les témoins susceptibles de fournir des preuves sur la corruption liée à la drogue risquent souvent leur vie et celle des membres de leur famille. »
Selon l'OICS, les services de détection et de répression et les douanes sont, dans le monde entier, très exposés à la corruption liée à la drogue, tandis que « les unités anti-stupéfiants peuvent être infiltrées par des groupes criminels qui disposent souvent d'énormes ressources et de technologies sophistiquées ».
L'Organe international de contrôle des stupéfiants cite l’exemple emblématique du Mexique où, en 2008, le gouvernement a dû faire une vaste purge dans la police au plus haut niveau, jusqu'à la tête de la division des opérations anti-drogue, sous l'influence des cartels de la drogue.
Les pays riches également épinglés
Pour autant, l'organisation estime que des cas de corruption au sein de la police, des douanes ou des agences anti-drogue existent aussi dans des pays à première vue beaucoup moins à risque, comme l'Australie, les Etats-Unis ou le Canada.« Au Canada, un enquête (…) a révélé que des groupes ont tenté d'utiliser les aéroports en corrompant des employés ou en plaçant des complices au sein du personnel », indique le rapport.
Pour l'OICS, il y a, en outre, « une prise de conscience croissante » de cas de corruption souvent quasi-institutionnalisée au sein de la police. « Des groupes criminels sont
connus pour conclure, avec la police ou d’autres services de détection et de répression et organismes de contrôle, des arrangements relativement stables », ajoute le rapport.
La menace est particulièrement grave pour les pays sortis, ou tentant de sortir, de situations de guerre, comme l'Afghanistan, la Sierra Leone ou les Balkans, où « le trafic de drogue et la violence (…) ont un impact dévastateur sur les efforts d’imposition de la paix et de reconstruction ».
Pour l’OICS, il n’y a donc pas de lutte possible contre le trafic de drogue sans une lutte contre la corruption lié au trafic de stupéfiants. Parmi ses recommandations, l’organisation insiste sur la nécessité d’allier une meilleure coordination de toutes les institutions impliquées dans la lutte anti-drogue avec la multiplication des systèmes de contrôle pour repérer et neutraliser les cas de corruption liés au trafic de drogue.