Achat des Rafale : Lula laisse le choix à son successeur

« Je pourrais signer, mais je ne vais pas le faire. » Par cette petite phrase, le président Lula prolonge le suspens sur le choix du vainqueur d’un gros contrat pour la fourniture d’avions de chasse au Brésil. Le Français Dassault était favori, face au Suédois Saab et à l’Américain Boeing. Mais Lula n’a jamais mis un point final aux discussions, qui doivent se prolonger durant le prochain gouvernement de Dilma Rousseff, qui prendra ses fonctions au 1er janvier.

Avec notre correspondant à Sao Paulo, Bernard Martin

Ce ne sera pas encore pour cette fois. Après une longue attente, et de multiples reports, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a choisi de ne pas trancher. Il préfère laisser la responsabilité à Dilma Rousseff, élue en octobre dernier avec son soutien, qui prendra ses fonctions le 1er janvier prochain.

La nouvelle a été annoncée cette nuit par Lula lors d’une interview diffusée par la chaîne de télévision publique TV Brasil : « Je pourrais signer et faire un accord avec la France, mais je ne vais pas le faire ». Une petite phrase qui change la donne. Jusqu’à présent, Lula avait indiqué sa volonté de refermer le chapitre avant de quitter la présidence.

Tant Lula que son ministre de la Défense Nelson Jobim ont publiquement pris position en faveur du Rafale, en raison des engagement de la France en matière de transferts de technologie. Mais la Force aérienne brésilienne avait remis fin 2009 un rapport technique dans lequel les généraux manifestaient leur preférence pour le Gripen de Saab.

L’aspect financier entre également en compte. Alors que le ministre des Finances Guido Mantega annonce des coupes budgétaires, Lula admet que l’achat d’avions de chasse entraînerait « une dette très grande, une dette à long terme pour le Brésil ». Il s’agit d’un argument nouveau. Auparavant, la modernisation des forces armées était prioritaire car elle intégrait la nouvelle stratégie nationale de défense, en phase avec les nouvelles ambitions géopolitiques du Brésil.

Nelson Jobim devrait être maintenu à la tête du ministère de la Défense dans le futur gouvernement (Dilma Rousseff devait le confirmer mardi soir), mais la présidente élue chercherait ainsi à se démarquer de la politique étrangère et de défense de Lula. Dans une interview au Washington Post ce weekend, elle avait notamment condamné fermement les violations de droits de l’homme en Iran, ce que Lula s’était toujours refusé de faire.

La réunion du Conseil national de Défense, prévue pour demain de source officieuse, n’a pas été confirmée.

Partager :