Ils ne sont désormais plus que 18 candidats à briguer la présidence de la République d’Haïti. Ce samedi 20 novembre 2010, Axan Abellard annonçait qu’il se retirait de la course et invitait ses sympathisants à voter pour Mirlande Manigat, actuellement en tête des sondages.
Axan Abellard, en mauvaise posture dans les intentions de vote, est donc le premier candidat à jeter l’éponge, mais il ne sera probablement pas le dernier. Selon l’avis de nombreux observateurs, d’autres pourraient suivre son exemple, d’ici dimanche prochain.
Cinq prétendants se détachent dans les sondages
Car, comme Axan Abellard, certains candidats n’ont que très peu de chance de remporter le scrutin. Quatre d'entre eux, Josette Bijou, Gérard Blot, Garaudy Laguerre et Wilson Jeudy, ont d’ailleurs demandé ce week-end aux autorités de « repousser la date des élections et d’établir et de publier un plan de lutte contre l’épidémie de choléra qui menace la vie de tous les Haïtiens ».
Mais à six jours des élections, leur report semble improbable. Notamment parce que « en raison de l’épidémie du choléra, il est plus nécessaire que jamais de tenir les élections le 28 novembre », soulignent de leur côté les favoris au poste de président. Depuis quelques semaines, cinq prétendants se détachent dans les sondages menés par le Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (Brides).
- Mirlande Hyppolite Manigat
(Rassemblement des démocrates nationaux progressistes RDNP)
Mirlande H. Manigat est un personnage connu en Haïti. Ancienne première dame de la République (son mari, Leslie Manigat a été élu président en janvier 1988 mais a été renversé quatre mois seulement après sa prise de fonction par un coup d’Etat), vice-rectrice de l’université de Quisqueya, professeure de droit constitutionnel, intellectuelle mondialement reconnue, Mirlande H. Manigat place l’éducation au centre de sa campagne électorale.
La candidate s’engage aussi pour des changements constitutionnels et notamment le statut de la diaspora haïtienne. Environ quatre millions d’Haïtiens vivent à l’étranger et n’ont pas le droit de la double nationalité. Mirlande H. Manigat voudrait au contraire permettre la participation des expatriés dans le développement et la vie politique d’Haïti.
Agée de 70 ans, la candidate du RDNP est en tête des intentions de vote. Le dernier sondage la crédite de 30,3% des voix. Si elle était élue présidente de la République, Mirlande H. Manigat devrait pourtant composer avec un handicap non négligeable. Sa formation politique ne dispose d’aucun candidat au Sénat ni à la députation. La prétendante est toutefois soutenue par le Collectif pour le renouveau haïtien qui regroupe une centaine de parlementaires actifs ou ayant déjà siégé.
« Il n'est pas raisonnable de penser à un report des élections en raison de l’épidémie du choléra », a déclaré Mirlande Manigat, même si elle reconnaît que « le contexte général n'est pas favorable aux élections ».
- Jude Célestin
(Plateforme INITE)
Jude Célestin est le dauphin du président sortant. René Préval l’a préféré à l’ancien Premier ministre Jacques-Edouard Alexis, également candidat.
A 48 ans, Jude Célestin n’a aucune expérience en politique active. Mais selon les observateurs haïtiens, il fait partie du premier cercle du pouvoir de René Préval depuis plus de douze ans. Ingénieur de formation, ayant fait ses études en Suisse, le candidat d’INITE a fait une brillante carrière au Centre national des équipements, l’entreprise publique de construction, dont il était pendant de longues années directeur général.
La campagne électorale de Jude Célestin profite surtout des moyens financiers considérables de son parti INITE. Son portrait est partout et un petit avion à moteur sillonnait ces derniers jours dans le ciel de Port-au-Prince, tirant une banderole à la gloire du candidat. Les derniers sondages le placent en deuxième position, avec 21,7% des intentions de vote.
- Michel Martelly
(Repons peyizan)
Le quotidien haïtien Le Nouvelliste le qualifie de « grande surprise de ces élections ». En effet, Michel Martelly était jusqu’à présent connu comme chanteur de la nouvelle vague haïtienne et non comme homme politique.
Très populaire, notamment parmi les jeunes, l’artiste de 49 ans a fait ses études de construction et de communication aux Etats-Unis. Ses meetings de campagne attirent à chaque fois des foules immenses. Son programme met l’accent sur le développement économique d’Haïti, fondé notamment sur les investissements étrangers et le tourisme. Les derniers sondages le créditent de 10,8%, c’est-à-dire en troisième position.
- Jean-Henry Céant
(Renmen Ayiti)
Jean-Henry Céant est très connu en Haïti. Notaire et avocat à Port-au-Prince, il est proche de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide et de sa formation politique Fanmi Lavalas.
Selon son site internet, le candidat de Renmen Ayiti veut « construire une nouvelle Haïti sur des bases de responsabilités partagées, justice sociale, paix et progrès économique pour tous ». Pour ce faire, Jean-Henry Céant compte passer entre autres par la création d’universités, le reboisement du pays, le renforcement du système de crédit agricole pour les paysans et des mesures sociales pour les femmes.
Agé de 54 ans, il est l’un des plus farouches opposants de René Préval. Jena-Henry Céant est a 8,3% d’intentions de vote.
- Charles-Henri Baker
(Respè)
Charles-Henri Baker n’est pas à sa première campagne électorale. Le riche homme d’affaires qui avait milité pour le départ de Jean-Bertrand Aristide en 2004, a terminé troisième lors des dernières élections présidentielle en 2006.
Pour Charles-Henri Baker, qui a fait fortune dans l’industrie du vêtement, la priorité est à la création d’emplois. Le thème est au cœur de son programme électoral.
Le candidat de Respè ne veut pas entendre parler d’un report des élections :
« Le choléra est là pour dix ans. Plus vite on enlèvera ce gouvernement, plus vite on pourra prendre des mesures contre l'épidémie. La population dit clairement 'non' au report ». Les derniers sondages le voient avec 7% des voix en cinquième position du scrutin.