Avec notre correspondante à Djakarta, Solenn Honorine
Elle a beau être membre du G20, l’Indonésie reste extrêmement discrète sur la scène internationale. Alors lorsque l’homme le plus puissant du monde en dresse un portrait aussi élogieux, c’est un coup de projecteur qui ne pouvait que flatter ses hôtes au nationalisme à fleur de peau.
C’est moins son statut de plus grand pays musulman au monde que sa devise nationale que Barack Obama a salué : bhinneka tunggal ika, Unité dans la Diversité, ou comment faire cohabiter pacifiquement peuples et religions différents. Sa visite à la grande mosquée Istiqlal, construite par un architecte chrétien et dont le nom signifie « indépendance », en cela, était symbolique.
L’image du président en chaussettes dans un lieu de prière, sa femme voilée à côté de lui, était le prélude au discours qui visait également à tendre la main au monde musulman comme celui prononcé Caire en juin 2009, à l'attention des musulmans.
Ce discours était en effet dans la même veine que celui du Caire : répéter que les Etats-Unis ne sont pas et ne seront jamais en guerre contre l’Islam, lancer un appel au dialogue, appeler à combattre al-Qaïda. Le président a reconnu que beaucoup de progrès restaient à faire, notamment pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Barack Obama a pris l’Indonésie en exemple pour montrer que le dialogue est possible avec un pays à majorité musulmane.
Pour les Indonésiens, cette visite représentait beaucoup. L’image que Barack Obama a reflétée de l’Indonésie était extrêmement flatteuse. Dans son discours, le président américain a parlé d’un pays fondé sur des bases partagées avec les Etats-Unis, des bases d’ouverture, de tolérance, de diversité des religions et des peuples. Il a également souligné les grands progrès qui ont été accomplis, notamment dans les 10 dernières années et l’introduction de la démocratie, et estimé que l’Indonésie était un allié naturel des Etats-Unis en tant que démocratie.
Pour l’Indonésie, qui est un « nain politique » par rapport à sa taille, ce discours ressemble aussi à un appel à prendre plus de responsabilités sur la scène internationale. A travers par exemple le G20 qui commence demain, ou le cas de la Birmanie. Barack Obama a condamné le résultat des récentes élections dans ce pays ; un clin d’œil au fait que l’Indonésie est le plus grand pays au sein de l’ASEAN, et que celle-ci serait l’instance internationale la plus à-même d’intervenir sur le dossier birman.