La «mosquée de Ground Zero» révèle les deux visages de l’Amérique

Adversaires et partisans du projet de construction d'une mosquée et d'un centre culturel près du site des attentats du 11-Septembre ont manifesté dimanche 22 août 2010, à New York. A l'approche des élections de novembre, l'affaire est devenue un enjeu national. 

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

C’est la polémique de l’été à New York. Le projet d'édification d’un centre culturel musulman et d’une mosquée, à deux pas de Ground Zero, déchaîne les passions. Pour les opposants, construire une mosquée si près du site des attentats perpétrés le 11 septembre 2001 est une provocation. Les supporters du projet affirment au contraire que ce sera un lieu de tolérance. Ils invoquent la liberté de religion. Hier, sous une pluie fine de fin d’été, les deux camps se sont fait face dans la rue.

Deux visages de l'Amérique

Deux manifestations, deux visages de l’Amérique. Les opposants au projet de mosquée ont brandi des pancartes, écrites en lettres sanglantes, pour dénoncer la charia, la loi islamique. Derrière un imposant dispositif de police, les manifestants ont affirmé défendre la mémoire de ceux qui sont morts, le 11 septembre 2001, à deux pas d’ici. D’autres ont chanté des chants patriotiques, ou s’en sont pris au président Obama. A cent mètres de là, les partisans de l'autre camp ont soutenu le projet de centre culturel musulman, et dénoncé l’islamophobie, qui semble bien souvent imprégner le débat.

Un enjeu national

Les manifestants étaient peu nombreux, quelques centaines. Mais ce qui était une affaire new yorkaise est devenu un enjeu national, pour les élections de mi-mandat, prévues le 2 novembre. Selon les sondages, les Américains sont majoritairement contre l’idée d’avoir un centre culturel musulman, si proche de Ground Zero. Les républicains en ont fait un thème de campagne, et Barack Obama a été très critiqué, pour avoir, quoique prudemment, défendu le projet. Depuis, selon un sondage du magazine Time, près d’un quart des Américains croient, à tort, que leur président est musulman.
 

Partager :