Sur le chemin de la révolution médiatique, Hugo Chavez a décidé de reprendre en main Globovision. La manœuvre est assez simple. L’un des principaux actionnaires de la chaîne, le banquier Nelson Mezerhane, est poursuivi par la justice. Sa banque a été déclarée en faillite et placée sous la tutelle du gouvernement.
L’Etat récupère ainsi l’ensemble des actions détenues par le financier soit 25,8% des parts de Globovision. Il y aurait également « 20% des actions dans l’air », appartenant à un des fondateurs de la chaîne (décédé en 2007) et qui vont aussi « passer à l’Etat ». « 25,8% plus 20% font 45,8% l’ami. Nous nous joignons à l’affaire », explique Hugo Chavez en plaisantant.
Faire taire la dernière chaîne hertzienne d’opposition
Le président veut également nommer un représentant de son choix au conseil d’administration de l’entreprise. Tout cela n’a rien à voir avec la ligne éditorial de Globovision, assure le président vénézuélien. Pourtant, deux journalistes proches du pouvoir sont sur les rangs. « Que personne ne vienne dire que nous les exproprions, notre représentant doit aller défendre les intérêts de l’actionnaire. C’est du capitalisme pur et simple », explique avec ironie le chef de file de la gauche radicale latino-américaine.
Avant cette OPA, le régime Chavez avait préparé le terrain. La chaîne est dans la ligne de mire des autorités depuis longtemps. Son président, Guillermo Zuloaga, se trouve à l’étranger car un mandat d’arrêt a été délivré contre lui. Il assure que les autorités veulent « faire taire la chaîne » mais prétend que « pour l’instant, avec 20% des actions, le gouvernement ne peut rien entreprendre, légalement ».
Globovision a annoncé dans un communiqué son refus de l’opération, car dit-elle, « les actionnaires individuels n’ont pas le droit de désigner des membres du conseil d’administration », ces derniers doivent être nommés en assemblée générale avec le vote requis de 55% du capital social.
D’autres médias harcelés
Globovision est la bête noire d’Hugo Chavez depuis des années. Accusée par le pouvoir de « terrorisme médiatique », la chaîne privée a été menacée de fermeture à plusieurs reprises.
Au Venezuela, les radios et les chaines de télévision publiques sont tenues de diffuser les interventions présidentielles, et Hugo Chavez est capable de disserter pendant des heures sur n’importe quel sujet. Les médias qui refusent de reprendre in extenso les discours fleuve du « Comandante », ou qui critiquent sa dérive autoritaire, sont très vite mis à l’index.
Hugo Chavez est rancunier, il n’a jamais pardonné à Radio Caracas TV (RCTV) d’avoir choisi le camp des putschistes lors du coup d’Etat manqué de 2002. RCTV s’est vu retiré sa licence hertzienne il y a trois ans.
Aujourd’hui, Hugo Chavez envisage de révoquer l’autorisation d’émettre de la chaine ValeTV, la télévision de l’Eglise vénézuelienne. Pour Hugo Chavez, le canal doit « retourner au peuple ». La décision a été prise juste après qu’un cardinal ait critiqué la politique du gouvernement, le 14 juillet dernier. Globovision n’a jamais plié face aux intimidations. Mais la télévision privée pourrait bien ne pas résister à ce nouvel assaut, à deux mois des élections législatives au Venezuela.