Avec notre correspondante à Lima, Chrystelle Barbier
Face au palais de justice dans le centre de Lima, des dizaines de femmes venues des Andes surprennent les passants, assises en train de tricoter et chanter : « On est venues réclamer justice. C’est ce qu’on dit dans nos chansons ».
Et pour les soutenir dans leur quête de justice, plusieurs associations ont organisé le premier « Tricot géant » qui consiste à tricoter d’ici novembre 2010 une écharpe très spéciale ,comme l’explique la journaliste Paola Hughes à l’origine du projet :
« Chaque personne en train de tricoter a eu un membre de sa famille porté disparu au Pérou entre 1980 et 2000 pendant le conflit qui a opposé le Sentier lumineux à l’Etat péruvien. Au Pérou, il y a eu 15 000 disparus durant cette période et c’est quelque chose que le reste du monde ne sait pas ! On n’a pas d’association comme les Mères de la place de Mai. Ici, ce sont des femmes pauvres qui parlent quechua, celles dont les demandes ne sont pas prises en compte. C’est pourquoi on a le sentiment que tricoter cette écharpe sert en quelque sorte à positionner le Pérou comme un pays de disparus ».
Un pays de disparus où les familles des victimes se battent toujours pour leur droit et les réparations économiques individuelles que leur avait promis le président Alan Garcia il y a quatre ans déjà.