Ministre de la Défense entre 2006 et 2009, Juan Manuel Santos s’est illustré dans le combat contre les rebelles marxistes. En tant que président, il promet maintenant encore plus de fermeté à l’égard de la guérilla, dans le cadre de la politique de « sécurité démocratique », initiée par le président Alvaro Uribe.
Ses succès dans la lutte contre la guérilla sont indéniables. Il a ordonné par exemple l’Opération Jaque, au cours de laquelle les forces spéciales de l’armée ont réussi, le 2 juillet 2008, à tromper les FARC et à leur arracher quinze otages importants – parmi lesquels la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains.
Le 1er mars de la même année, il avait donné l’ordre de bombarder un camp de la guérilla en Equateur – opération dans laquelle 26 personnes avaient été tuées, dont le numéro deux des FARC, Raul Reyes.
Critiques internationales
Juan Manuel Santos a été critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme, pour des exécutions extrajudiciaires attribuées à l’armée. A ces accusations, il répond qu’il a été à l’origine de la purge sans précédent dans l’armée, après que le scandale eut éclaté.
Les succès dans la lutte contre la guérilla ont été contestés à l’étranger. Le Comité international de la Croix-Rouge a notamment critiqué l’utilisation de son sigle dans l’Opération Jaque. A la suite de cette opération, le président socialiste de l’Equateur, Rafael Correa, a décidé de rompre les relations diplomatiques avec la Colombie pendant vingt mois. Quito a même émis un mandat d’arrêt contre Santos, accusé d’assassinat.
Selon le président vénézuélien Hugo Chavez, l’élection du nouveau chef d’Etat colombien est une menace pour la paix régionale. Chavez, comme Correa, sont les deux piliers du bloc de gauche latino-américain ; pour eux, la Colombie reste un allié fidèle de l’impérialisme américain, sous le président Santos comme sous son prédécesseur et mentor, Alvaro Uribe.
La Colombie isolée
Les relations entre la Colombie et ses voisins de gauche sont tendues depuis la grave crise déclenchée par l’accord militaire entre Bogota et Washington. La Colombie et les Etats-Unis ont signé en 2009 un texte qui permet à l’armée américaine de faire usage de certaines bases militaires colombiennes – une initiative que les Vénézuéliens et les Equatoriens considèrent comme une menace potentielle pour leur sécurité nationale.
Dans une tentative de conciliation, Juan Manuel Santos a adressé dimanche soir un message à ses voisins, considérant qu’il leur faudra « travailler main dans la main ».
Le président colombien devra donc faire face à un certain isolement de son pays, et à l’hostilité ouverte de l’Equateur et du Venezuela. Il pourra en échange compter sur l’appui des Etats-Unis, qui ont largement financé la lutte des autorités colombiennes contre la drogue et la guérilla.