L’empire Vivendi
Jean-Marie Messier a été le président de l’un des plus puissants groupes français : la Compagnie Générale des Eaux qu’il a rebaptisé Vivendi en 1998. Sous son impulsion, l’ex-mastodonte de l’eau s’est diversifié dans les nouvelles technologies et les médias. Le nouveau groupe franchissait également les frontières géographiques pour s’installer aux Etats-Unis en achetant, en 2000, les studios Universal. C’est ainsi que le groupe est devenu un empire mondial de la communication désormais dénommé Vivendi Universal.
La chute du mythe J6M
Le président de Vivendi Universal se voit aussi attribuer un surnom par les médias qui le surnomment ironiquement J6M pour « Jean-Marie Messier, Moi-Même, Maître du Monde ».Mais en 2002 le mythe s’écroule. Du jour au lendemain, les actionnaires apprennent que le groupe a une dette de 35 milliards d’euros , la plus grosse dette jamais enregistrée par une société française. La valeur boursière de Vivendi Universal chute brutalement obligeant Jean- Marie Messier à donner sa démission.
8 ans de procédures judiciaires
Sont alors engagées une série de procédures judiciaires à l’encontre de Jean-Marie Messier et de quelques autres ex-dirigeants du groupe. A l’origine de la plainte se trouvent aussi bien les petits actionnaires qui ont perdu gros dans la chute boursière de Vivendi Universal, que la société elle-même, rebaptisée en 2006 Vivendi, qui ne veut pas payer « les pots cassés » des choix calamiteux de son ancien dirigeant. En effet, un premier procès s’est tenu aux Etats-Unis. Les juges américains ont blanchi Jean-Marie Messier tout en condamnant le groupe Vivendi à verser des dommages. L’affaire a déjà coûté 250 millions d’euros à la société, un montant qui sera triplé en cas de condamnation définitive.
C’est pourquoi le groupe Vivendi et l’Association des petits porteurs actifs (Appac) ont exigé la tenue d’un autre procès en France afin que la responsabilité de Jean-Marie Messier et de six de ses anciens collaborateurs soit établie. Le procès s’est ouvert ce 2 juin 2010 devant le Tribunal de Paris. Les parties civiles portent trois accusations. Premièrement, on reproche à Jean-Marie Messier la diffusion d'information fausse ou trompeuse dans la mesure où il avait caché la dette colossale de son groupe en déclarant que cela « allait mieux que bien ».
Jean-Marie Messier est ensuite accusé de manipulation de cours car il avait ordonné le rachat massif, à la Bourse, de milliers d’actions de Vivendi Universal pour éviter leur effondrement. Enfin Jean-Marie Messier est accusé d’abus de biens sociaux car il avait démissionné avec un « parachute doré » de 20 millions d’euros auquel il a finalement renoncé.
Le procès
Le volet français du procès à l’encontre de l’ancien président de Vivendi Universal s’est ouvert avec la comparution de l’accusé devant le Tribunal correctionnel de Paris. Comme lors de son procès aux Etats-Unis, Jean-Marie Messier a reconnu des erreurs dans les décisions qu’il avait prises à la tête de Vivendi Universal, mais pas des fraudes. S’il y a eu des erreurs stratégiques, les décisions qu’il a prises, explique Jean-Marie Messier, ont été guidées par « l'intérêt de la société ». Il ajoute même que l’idée qu’il a eu de bâtir un groupe mondial de la communication était pertinente mais trop précoce au regard des moyens technologiques de l'époque. Jean-Marie Messier n’a pas hésité à mettre en cause le contexte de l’époque notamment les attentats du 11-Septembre, le scandale Enron, l'éclatement de la bulle internet, le comportement des agences de notation etc.