À la une: nouveau record de décès au Brésil, les hôpitaux saturés

Le Brésil, pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis, a encore essuyé mercredi 3 mars un record de décès dus au Covid-19. 1 910 morts hier en 24 heures, nous dit Carta Capital. La situation s'aggrave depuis deux mois, renchérit O Globo, qui précise que « le taux d'occupation des lits est supérieur à 80% dans 18 États et dans le district fédéral ». « Ce pourrait être le pire mois de mars de l'histoire du Brésil, en termes de pertes de vies humaines, avec la possibilité d'un effondrement national de tout le système de santé brésilien », prévient le neuroscientifique Miguel Nicolelis, interrogé par le grand média brésilien.

Pour le gouverneur de l'État d'Espírito Santo, Renato Casagrande, « c'est comme si une bombe atomique tombait sur une ville moyenne du Brésil chaque mois ». « Cette réalité, confie-t-il à l'hebdomadaire Carta Capital, nous laisse dans la détresse et le désespoir ». Il regrette notamment l'absence de politique nationale de lutte contre le Covid-19.

Brésil : la fronde des gouverneurs

Résultat : chaque État, chaque municipalité a pris (ou pas) des mesures en ordre dispersé. La mairie de Rio, par exemple, vient d'imposer un couvre-feu entre 23h et 5h du matin, écrit O Globo en Une. Les gouverneurs commencent aussi à s'organiser pour contourner l'État fédéral et acheter eux-mêmes des vaccins. Jair Bolsonaro avait posé son veto au projet de loi approuvé par le Congrès, mais la Cour suprême a garanti ce droit aux gouverneurs et préfets, explique Carta Capital, car l’approvisionnement est difficile.

Le rythme de vaccination est à ce jour extrêmement lent, les files d'attente sont interminables. Le journal Folha de Sao Paolo raconte les cinq heures nécessaires aux personnes âgées de 80 et 84 ans pour se faire vacciner au volant de leur voiture. « J'ai de l'argent », poursuit le gouverneur d'Espírito Santo, mais « nous ne trouvons pas de vaccins à acheter ».

Éloges funèbres sur Zoom et cendres envoyées par la Poste

La pandémie a changé les rythmes et les rituels de la vie, tout comme ceux liés à la mort. C'est à la Une du Washington Post ce jeudi. « Les éloges funèbres sont prononcés sur Zoom. (...) De plus en plus de gens optent pour la crémation ». Une révolution, car « en 1960, seuls 4% des Américains étaient incinérés. (...) Aujourd'hui, plus de la moitié le sont ». Et puis comme « les proches ne peuvent pas se déplacer pour récupérer les cendres en raison de risques sanitaires, les services postaux américains livrent de plus en plus souvent les cendres à domicile ». Le journal raconte que les services postaux ont d'ailleurs « du mal à suivre la demande pour produire l'autocollant orange vif qu'elle exige sur ces colis et qui dit ‘restes incinérés’ ». La Poste a « créé un kit pour les cendres humaines, fourni avec un sac en plastique scellé, du papier bulle et une boîte en carton ». « Le fait que les restes d'un parent ou d'un enfant sillonnent le pays dans des véhicules postaux est considéré par beaucoup comme pratique, mais cette réalité donne à réfléchir en ces temps d'isolement », écrit le journal.

« Plusieurs États du Sud se distinguent de l'ensemble du pays », note le Washington post, et continuent « à enterrer les corps selon les mêmes rituels que leurs parents et grands-parents ». Mais dans de nombreux États, en particulier dans l'Ouest, « le corbillard transportant un cercueil dans un cimetière est en voie de disparition ». « Dans le Colorado, le Montana, l'État de Washington, l'Oregon, le Wyoming, Hawaï, le Maine et le Vermont, plus de 70% des résidents choisissent la crémation. Au Nevada, un autre État où de nombreux habitants ont grandi ailleurs et se sentent moins liés aux traditions, le taux de crémation a atteint 80% ». L'argent est un facteur clé : l'incinération est moins chère. « Pendant la pandémie, comme beaucoup ont perdu leur emploi et sont en difficulté financière, les quelques milliers de dollars que peuvent coûter un cercueil et une concession sont prohibitifs », résume le quotidien américain.

États-Unis : bataille autour du droit de vote

Les démocrates ont réussi à faire voter mercredi à la Chambre des représentants un projet de loi sur le droit de vote. Le texte aurait pour effet d'annuler les mesures prises au niveau des États pour restreindre le nombre de personnes habilitées à voter : fin des restrictions en matière de vérification d'identité des électeurs, généralisation du vote par correspondance, inscription en ligne sur les listes électorales et autorisation du vote anticipé. « Il prévoit également, ajoute le Wall Street Journal, la création de commissions indépendantes chargées de délimiter les circonscriptions électorales dans chaque État afin de mettre fin au ‘gerrymandering’ », c’est-à-dire le charcutage des circonscriptions pour avantager un parti.

S'il y a urgence pour les démocrates, c'est que des États contrôlés par les républicains tentent de faire avancer une série de mesures pour restreindre le droit de vote. « La Géorgie, le Texas, l'Arizona, l'Iowa et le Montana », détaille The Atlantic. Des restrictions inspirées selon le média américain « des allégations de fraude électorale défendues par Donald Trump après sa défaite ». Selon un défenseur des droits civiques interrogés par le média américain, ces mesures représentent « la plus grande atteinte au droit de vote des Américains » depuis les lois ségrégationnistes Jim Crow.

Un tournant dans l’histoire de la démocratie américaine ?

Le sort du projet de loi des démocrates est incertain devant le Sénat, car la Chambre l’a adopté sans aucun soutien républicain, note le Wall Street Journal. Pour The Atlantic, c'est peut-être un tournant dans l'histoire de la démocratie américaine : « Le résultat pourrait non seulement déterminer l'équilibre des pouvoirs entre les partis, mais aussi déterminer si cette démocratie devient plus inclusive ou plus exclusive ». Il reste peu de temps aux démocrates pour faire passer cette loi : pour l'instant, ils ont la majorité à la Chambre et au Sénat, mais « en général, le parti du président perd des sièges dans les deux chambres lors de la première élection de mi-mandat ».  C’est – déjà – l'année prochaine.

 

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