Elections au Venezuela: les exilés au Pérou et en Equateur entre mobilisation et rejet

Les Vénézuéliens sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leurs députés. Ce scrutin organisé par le régime de Nicolas Maduro est jugé illégitime par une grande partie de l’opposition qui appelle au boycott. Sentiment partagé par de nombreux Vénézuéliens en exil, notamment en Équateur. Pour montrer le rejet de la population à cette élection, l’opposant Juan Guaido a convoqué une consultation populaire et compte beaucoup sur la mobilisation des 5 millions de Vénézuéliens à l’étranger, comme au Pérou, qui en accueille près d’un million. 

Avec notre correspondant à Quito, Eric Samson et notre correspondante à Lima, Wyloën Munhoz-Boillot 

Les élections législatives permettront au régime de Nicolas Maduro de s’auto-féliciter, de se présenter comme démocrate et de récupérer le contrôle de l’assemblée, mais sans rien changer aux terribles conditions de vie de la population. Voilà un résumé de l’opinion de nombreux Vénézuéliens en Equateur, où ils sont des centaines de milliers à s'être installés depuis quelques années, avec ou sans papiers. Certains sont repartis pour fuir la pandémie mais beaucoup sont restés, frontières fermées obligent.

Ils sont pour la plupart opposants d’un régime qui les a poussés à l’éxil, comme Jefferson Díaz, arrivé il y a trois ans avec sa femme et son fils. « Nous sommes tous pris au piège, confie-t-il. Sans opposition, le régime est sûr de gagner dimanche mais si l’opposition s’était présentée, elle aurait donné l’impression de soutenir un processus électoral vicié et un régime qu’elle accuse d’être dictatorial et d’avoir usurpé le pouvoir. »

Collectifs chavistes

Luis Daniel Luengo est, lui, arrivé en Equateur il y a six ans. Bien que le vote ne soit pas obligatoire au Venezuela, il est inquiet pour tous ceux qui, au pays, voudront marquer leur opposition au régime en s’abstenant.

« Je suis très préoccupé, explique Luis Daniel Luengo. Dans ma ville de Mérida, comme dans beaucoup de villes du Venezuela, il y a partout des collectifs chavistes qui surveillent la population et menacent les gens qui ne veulent pas voter. Ils vont dans les maisons avec des armes, ils demandent si on a voté ou pas. J’ai peur pour mes parents qui sont là-bas. »

Quel que soit le résultat, de nombreux Vénézuéliens à Quito appellent à ne pas croire les chiffres qui seront publiés par un Conseil national électoral (CNE) qu’ils estiment inféodé au régime, et notamment celui de la participation. 

► À écouter : Au Venezuela, des élections législatives qui ne vont rien régler

Consultation organisée par Juan Guaido

Même perception chez les Vénézuéliens du Pérou. Arrivé il y a un an et demi, Sergio travaille comme coiffeur à Lima. Pour lui, les élections législatives convoquées par Nicolas Maduro ce dimanche sont illégitimes. « Bien sûr que c’est une fraude. Et la majorité des Vénézuéliens ici le voient comme ça. C’est une manœuvre des chavistes pour briser l’opposition. »

Comme tous les Vénézuéliens de l’étranger, Sergio ne peut pas participer à ce scrutin depuis le Pérou, car rien n’a été mis en place par le régime de Nicolas Maduro, et il l’aurait de toute façon boycotté. En revanche, il compte bien participer à la consultation populaire organisée par l’opposant Juan Guaido : elle vise non seulement à invalider ces élections, mais aussi à convoquer de nouvelles élections présidentielle et législatives.

« C’est ce que veulent tous les Vénézuéliens exilés comme moi, poursuit Sergio. Des élections transparentes pour faire changer les choses, donc je vais participer à la consultation. »

Menaces de représailles

Cette consultation se déroulera du 7 au 12 décembre au Venezuela et à l’étranger. Au Pérou, une vingtaine de bureaux de vote ont été installés, à Lima et en région.

Nancy Arellano, chargée des affaires consulaires à la représentation diplomatique de l’opposition vénézuélienne à Lima compte sur une forte mobilisation. « On espère une mobilisation de 20 à 30 % des Vénézuéliens du Pérou, soit environ 200 000 à 300 000 personnes. »

Nancy Arellano dénonce cependant une campagne de dissuasion de la part du régime de Maduro qui menace de représailles les Vénézuéliens de l’étranger qui participeraient à la consultation organisée par l’opposition.     

► À écouter : Au Venezuela, l’opposition en ordre dispersé pour les législatives

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