Venezuela: dernière ligne droite avant les élections législatives

Il reste trois jours avant les législatives au Venezuela. Les dernières élections en 2015 avaient été largement remportées par l’opposition. Dimanche, le Parti socialiste unifié du Venezuela, parti au pouvoir, entend s’emparer de l’Assemblée nationale, la dernière institution qu’il ne contrôle pas. 

Avec notre envoyée spéciale à Caracas,

Nicolas Ernesto Maduro, candidat à l’Assemblée nationale, et fils du président Nicolas Maduro ! C’est, ce mercredi 2 décembre, le bouquet final de sa campagne qui a mobilisé de gros moyens dans l’État de La Guaira au nord de Caracas. Parmi les quelque 2 000 personnes qui s’agglutinent autour de la scène pour profiter du concert, il y a Anamari, 18 ans. Elle votera dimanche la première fois : « Il faut qu’on récupère l’Assemblée pour aller de l’avant. Pour un nouveau futur. »

Sur toutes les lèvres, on retrouve l'affaire des sanctions américaines et leur impact sur la population. Le manque de nourriture, de gaz, d’eau, les coupures de courant… pour Baudilio Maracafuto c’est la faute des États-Unis et de l’Europe qui soutiennent l’opposant Juan Guaido : « Il faut qu’on place une majorité de nos candidats à l’Assemblée nationale, pour, de manière définitive, parvenir à tous nos objectifs, pour que l’économie se stabilise et qu’on continue à avancer ».  L’économie est le thème phare de la campagne du parti de Nicolas Maduro pour ces législatives. Après trois années d’hyperinflation et sept ans de récession, le pays connait la plus grave crise de son histoire.

Côté opposition, peu d'enthousiasme

De son côté, l'opposition a décidé majoritairement de boycotter le scrutin, faute, selon elle, de garanties démocratiques. Juan Guaido, président de l’Assemblée et qui s’est proclamé président par intérim du Venezuela il y a deux ans, contre-attaque même avec une consultation concurrente lancée au lendemain de ces législatives, pour dénoncer le scrutin et appeler au soutien de la communauté internationale. Mais cette consultation semble susciter peu d’enthousiasme.

Ce que regrette Beatriz, venue assister à un meeting clairsemé : « Ça m’inquiète qu’il y ait une apathie à soutenir cette consultation populaire. Il y a très peu de monde aujourd’hui, avant, les meetings étaient bondés ! Mais j’espère, et j’aspire, à ce que cette consultation atteigne ses objectifs en matière de participation.  Est-ce qu’on a de l’eau ? Est-ce qu’on a de l’électricité ? Est-ce qu’on a des services publics fonctionnels ? On n’a rien ! Alors, comment cela est-il possible que l’on n’appuie pas cette initiative ? Ça, ça m’inquiète. »

« Il est dit, poursuit-elle, que nous représentons la plus grande partie de l’opposition. Eh bien montrons-le ! Nous allons démontrer que nous sommes la majorité et que nous n’approuvons pas cette façon d’être gouvernés. Ce garçon, Guaido, a fait beaucoup. Beaucoup de gens ne le reconnaissent pas. Peut-être qu’il n’y a pas non plus de média local qui puisse leur permettre de voir ce qu’il fait. Résultat : sa crédibilité a diminué. Mais il existe ! Le fait que de nombreux pays soutiennent notre démarche, parmi lesquels la France, c’est déjà pas mal ! Donc, on a des pays étrangers qui le soutiennent, et nous, on ne le soutient pas à l’intérieur du pays ? C’est absurde ! »  

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