Flavio Bolsonaro, 39 ans, est visé par une enquête pour une affaire de corruption qui remonte à l'époque où il était député de l'État de Rio de Janeiro. Pourtant, vendredi 4 septembre, la juge de première instance, Cristina Feijo, a interdit à TV Globo de publier tout document relatif à l'enquête concernant celui qui est depuis devenu sénateur.
Le fils du président du Brésil Jair Bolsonaro s'en est félicité dans la foulée, avec un langage rude : « Je viens de remporter une décision empêchant #Globolixo (Globo-ordure) de publier tout document de mon affaire en vertu du secret de l'instruction. Je n'ai rien à cacher et j'ai tout expliqué, mais les histoires qu'une partie de la presse invente pour ternir mon image et celle du président Jair Bolsonaro sont des actes criminels. »
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Une « agression » contre la liberté de la presse
Cette décision suscite de nombreux débats dans le pays. Beth Costa, secrétaire générale de la FENAJ, fédération de plus de 30 syndicats brésiliens, y voit « clairement de la censure » ainsi qu'une « agression envers notre Constitution qui garantit la liberté de la presse et de parole ». La syndicaliste estime que « la juge n'a entendu que la défense de Flavio Bolsonaro » et qu'elle n'a « pas permis à TV Globo de se justifier ».
Listant nombre de faits et d'interdictions semblables contre des journalistes ces derniers mois, Beth Costa parle de « décisions politiques ». « La justice au Brésil ne fonctionne pas. Elle ne défend pas la démocratie et à la liberté. Ce n'est pas bon pour la démocratie quand revient une censure que nous n'avons connue que sous la dictature », confie-t-elle.
« Bolsonaro n'aime pas qu'on s'oppose à lui, la démocratie »
Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro s'est fait remarquer le 23 août par une nouvelle sortie véhémente contre la presse. À un journaliste du journal O Globo qui l'interrogeait sur ces affaires de corruption qui touchent également sa femme Michelle, le chef d'État a répondu : « J'ai envie de te fermer la gueule à coups de poings. »
« Nous nous sommes aperçus que lors de la première année du gouvernement Bolsonaro, les violences contre les journalistes, attaques, intimidations, ont augmenté de 58%. Et cette augmentation est due au président, qui commet presque un attaque par jour. Je crois que c’est pire que Donald Trump », observe Beth Costa.
« Il n’aime pas que l’on s’oppose à lui, il n’aime pas la démocratie, la liberté de la presse. Il n’aime pas que les journalistes d’investigation fassent leur travail. C’est très intéressant, ce qui arrive en ce moment au Brésil : sur les médias sociaux, ils (les membres du camp de Jair Bolsonaro) déforment toutes les informations pour que tout ce qui est publié contre le président semble faux, aux yeux de ceux qui le suivent. C’est incroyable », regrette-t-elle.