avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
La rumeur du retour en Haïti d’Emmanuel Toto Constant avait ravivé les craintes. Sous la dictature de Raoul Cédras, entre 1991 et 1994, son groupe paramilitaire, le Fraph, (Front révolutionnaire armé pour le progrès d'Haïti),
avait terrorisé la population. Ces nervis terrorisaient les partisans du président en exil Jean-Bertrand Aristide. Emmanuel Toto Constant, qui a dû fuir son pays en 1994 au retour d'Aristide, a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans le massacre perpétré en 1994 dans un bidonville de la commune de Gonaïves.
Exilé aux Etats-Unis, il a été condamné à 12 ans de prison à New York en 2008 pour crimes financiers. « Toto Constant n'est pas arrivé aujourd'hui suite aux négociations que le Premier ministre Jouthe a menées avec les autorités américaines pour qu’elles sursoient temporairement à l'expulsion de Toto Constant », a ainsi confirmé Eddy Jackson Alexis, secrétaire d’État à la Communication.
Mais les États-Unis ont renvoyé 30 personnes de nationalité ou d’origine haïtienne. Ce maintien des expulsions internationales en temps de pandémie indigne les défenseurs des droits humains.
L'exemple du Canada
« Des pays comme le Canada ont compris la nécessité de ne pas envoyer dans des pays pauvres, au système de santé très faible, des personnes susceptibles d'aggraver la situation, souligne Marie Rosy Auguste Ducena du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Il est déplorable que jusqu'à présent, les États-Unis n'aient pas décidé de suivre cet exemple. »
Selon les militants des droits de l'homme, ces expulsions ne répondent à aucune urgence. Parmi les personnes renvoyées ce mardi en Haïti, se trouvent trois enfants âgés de deux et trois ans.
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