À 79 ans, l’immunologiste Anthony Fauci est un scientifique renommé. Du SRAS à Ebola, il a déjà fait face à plusieurs épidémies pendant plus de 30 ans à la tête de l'Institut national des maladies infectieuses.
Devant la presse, fines lunettes sur le nez, ses réponses rigoureuses tranchent avec le style de Donald Trump. Son travail consiste d’ailleurs aussi à recadrer les informations données par le président. Lachloroquine, médicament miracle ? « Je le sens bien », insiste Donald Trump. « Non, des recherches sont encore nécessaires », corrige Anthony Fauci. Le scientifique l’avoue lui-même : il est parfois déroutant de travailler aux côtés de Donald Trump
Un travail d'équilibriste
Aiguiller la prise de décision, sans se montrer trop critique et risquer de se faire écarter. Voilà le travail d’équilibriste du chercheur américain. Dans une interview donnée à un magazine scientifique, il avoue : « Donald Trump suit sa propre voie. Mais sur les questions de fond, il écoute ce que je dis. » Pas tout, néanmoins.
Des distances nécessaires entre personnes non-respectées en conférence de presse, jusqu’aux informations erronées véhiculées par le président. « Je ne peux pas sauter devant le micro et le pousser sur le côté, reconnaît Anthony Fauci. Mais je peux essayer de le faire corriger la fois d’après. Je fais de mon mieux, soutient-il. Mais je ne peux pas faire l'impossible. »
Trump parie sur la chloroquine
Preuve en est : malgré les réserves du docteur Fauci sur l’étude réalisée en France au sujet de la chloroquine, le président américain a confirmé ce lundi que le médicament serait testé à large échelle sur les malades atteints du coronavirus.
« Sous ma direction le gouvernement fédéral travaille pour obtenir de grandes quantités de chloroquine, a insisté Donald Trump, lors d'une annonce faite en l’absence d'Anthony Fauci. Cela va être distribué on a dix mille unités qui seront distribuées ce mardi matin à New York à beaucoup de gens. On ne sait pas mais il y a une vraie chance que cela ait un réel impact. Cela serait un cadeau de Dieu si cela fonctionnait. Cela changerait vraiment la donne. »
L’hydroxychloroquine, ou le Plaquenil un autre antipaludéen sera également testé à New York. Les médecins appellent à la prudence : le surdosage est dangereux et il faut à tout prix éviter l’auto médication. Un Américain qui s’est administré un dérivé de la chloroquine sans avis médical est mort ce lundi aux États-Unis.
► À écouter : [Podcast original] L'Amérique au temps du coronavirus