La situation est très tendue au Salvador, où le président a envoyé ce week-end l’armée à l’Assemblée nationale : « un geste sans précédent dans l’histoire contemporaine du Salvador », s’exclame El Diario de Hoy, soulignant que le président Nayib Bukele a non seulement utilisé l’armée, mais aussi la police et les forces antiémeutes : « Un geste qui a même été condamné par les députés affiliés au gouvernement ».
Le quotidien rappelle que le conflit a commencé jeudi dernier, lorsque le gouvernement a convoqué les députés pour une assemblée extraordinaire. Objectif : leur faire approuver un budget de 109 millions de dollars pour améliorer l’équipement des forces de sécurité du pays. Les députés ont dit non, car comme le soulignent des experts cités par El Diario de Hoy, ce genre de convocation est « irrecevable », car possible uniquement « en cas de catastrophe nationale ou de menace sur la souveraineté du pays ». Le président décide alors d’envoyer les forces de sécurité à l’Assemblée. « Les députés avaient la mine sombre et le visage clairement marqué par la peur lorsqu’un peloton des forces anti-émeutes a fait irruption dans le Salon bleu », rapporte El diario de Hoy, qui publie sur son site internet de nombreuses photos de la salle des débats remplie de militaires, en treillis, certains portant gilets pare-balles et casques, tous lourdement armés. El Mundo cite un député, ancien colonel à la retraite, qui affirme « n’avoir jamais vu une telle démonstration de force dans sa vie militaire ». Le journal salvadorien souligne que Nayib Bukele s’est rendu en personne ce dimanche dans le bâtiment, s’est assis dans le siège du président de l’Assemblée pour prier, et s’est ensuite rendu devant le bâtiment, à la rencontre des centaines de ses partisans, leur affirmant qu’il donnait une semaine à ces je cite « canailles » pour voter les fonds qu’il demande.
Du coup pour El Mundo « Le président baisse d’un ton » – le journal cite quand même dans son article la menace à peine voilée du président : « le peuple a le droit de se rebeller pour déloger les fonctionnaires et rétablir l’ordre constitutionnel ». Coïncidence, El Mundo consacre son éditorial à la guerre civile au Salvador, terminée en 1992, et le titre de l’article résonne étrangement aujourd’hui : « Les blessures de la guerre, et la réconciliation ».
Aux États-Unis, la débâcle du caucus démocrate de l’Iowa toujours à la Une
« La procédure de vote sous les projecteurs après le chaos de l’Iowa », titre le Wall Street Journal, qui rapporte que dans le Nevada, le troisième État à devoir se prononcer lors de cette primaire, la direction locale du parti démocrate a non seulement abandonné l’application qu’elle comptait utiliser (puisque c’était la même que celle qui n’a pas marché dans l’Iowa), mais en plus aucune application ne sera utilisée, à quelque phase du processus que ce soit ».Cela sera-t-il suffisant ? Car le New York Times affirme que dans l’Iowa les problèmes sont allés « beaucoup plus loin que le mauvais fonctionnement d’une application ». Avec un exemple pour le moins parlant en début d’article : la semaine dernière, lorsque l’appli n’a pas fonctionné, les responsables démocrates de l’Iowa ont demandé aux équipes de dépouillement d’appeler directement les volontaires situés dans les QG pour qu’ils rentrent eux-mêmes les résultats dans le système. Or, « lorsqu’ils ont voulu se connecter sur les ordinateurs, ils ont découvert qu’ils devaient récupérer un code avec leur smartphone », smartphone qu’on leur avait bien évidemment interdit d’amener sur place. À partir de là, tout est devenu compliqué.
Et ça l’est toujours puisque depuis, les démocrates se déchirent : « Ce qui menace leurs chances face à Trump », note le Washington Post, pour qui les démocrates sont « au bord de la guerre ouverte » : ils se rejettent la faute du fiasco de l’Iowa tout en « se disputant avec de plus en plus d’aigreur sur qui participera aux prochains débats télévisés nationaux ». Et le quotidien de noter un signe « frappant » : Bernie Sanders tape à nouveau à tour de bras sur le Comité national démocrate, qu’il accuse de « manœuvrer pour faire échouer son mouvement anti-establishment. », retrouvant ses accents de la primaire de 2016 qui avait énormément divisé le parti démocrate.
Victoire du film sud-coréen Parasite aux Oscars
Comme l’écrit le Boston Globe, « Parasite est le premier film qui ne soit pas en anglais à remporter l’oscar du meilleur film » en presque un siècle de cérémonie des Oscars – il a également raflé les récompenses de « meilleur réalisateur, meilleur film international et meilleur scénario » : « fidèle à son nom, il s’est introduit dans l’esprit des votants » juge le quotidien, qui note que « dans une sélection critiquée pour son absence de diversité et son absence de réalisatrice femme, il a permis à Hollywood de retourner la situation ». « Mais est-ce pour autant une révolution ? », s’interroge le Washington Post. Le journal note que le film de Bong Joon-ho semble à la fois « original et étrangement familier ». Il relève les influences américaines « évidentes de ses pairs Alfred Hitchcock et Quentin Tarantino », et évoque un « regard masculin » régnant toujours sur Hollywood. Le Washington Post prend pour exemple les extraits des films nominés pour le prix diffusés dimanche soir : « des garçons avec leurs jouets : leurs fantasmes, leurs démarches conquérantes, des voitures qui font vroum vroum et des femmes forcées au silence ou virtuellement absentes. » Le seul long métrage nominé dirigé par une femme, "Les quatre filles du Dr March", de Greta Gerwig, n’avait, estime le journal, aucune chance « de l’emporter face à tant de films jouant sur la mythologie de l’homme fort. ».
Pour se consoler, le Washington Post peut se reporter au Dallas Morning News : Renee Zellweger a remporté l’oscar de la meilleure actrice, et le quotidien texan en fait la Une de son site internet. Mais c’est largement parce que, il faut bien l’avouer, la comédienne est née au Texas.