Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
L’inflation ralentit au Venezuela mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Selon l’économiste Henkel Garcia, ce ralentissement de l’inflation, qui reste la plus importante du globe, est un trompe-l’œil opéré par le gouvernement.
« Le gouvernement a détruit le crédit bancaire, mais une économie sans crédit c’est une économie démonétisée, donc concrètement au Venezuela, une économie sans bolivars. C’est paradoxal, mais cette destruction de la monnaie, c’est ce qui a permis de contenir la hausse de prix et contenir le taux de change ».
Pour l’économiste, cela a permis de réduire l’inflation, mais au prix de la destruction de l’appareil productif national. « Parce que sans crédit bancaire, les entreprises sont en difficulté financière ou disparaissent tout simplement ».
Les dollars nécessaires à l'importation
Donc, même si les prix en bolivars n’augmentent plus aussi vite qu’avant, cela n’améliore pas le pouvoir d’achat des Vénézuéliens. Sans appareil productif, il n’y a plus d’emploi, donc plus de salaires, mais aussi plus de produits à acheter.
L’économie formelle est en fait peu à peu remplacée par une économie informelle, tournée vers l’importation et pour importer, il faut des dollars ou des euros, car le bolivar ne vaut plus rien.
Donc le pays se « dollarise » de manière totalement dérégulée et cela accroît les inégalités entre une minorité, qui a accès aux dollars, et une majorité qui en est privée.