Au Venezuela, les éleveurs ne peuvent plus produire assez à cause de la crise

Touché par la pire crise économique de son histoire, le Venezuela subit une inflation stratosphérique estimée à 200 000 % en 2019, qui a conduit à la déliquescence de tout son appareil productif, en particulier l’agriculture.

De notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille

Les chiffres communiqués par la Fedenaga, la Fédération des éleveurs vénézuélienne, sont alarmants. En 2019, la production de viande a couvert moins de 40 % de la demande nationale. Et la situation est encore plus catastrophique pour le lait : moins de 30 % de la demande vénézuélienne a été fournie l’année dernière.

Le résultat est très visible dans les supermarchés où les rayons de viande sont de plus en plus vides, et les briques de lait difficiles à trouver. Comme le reste de l’agriculture, en chute libre depuis plusieurs années, l’élevage est victime des différentes pénuries d’eau, d’essence, et aussi des coupures d’électricité qui abîment le matériel et rendent le travail plus difficile.

La particularité du secteur de la viande c’est qu’il est fortement touché par la délinquance organisée. Dans un pays où la monnaie fiduciaire disparaît à cause de l’inflation, il vaut mieux voler du bétail que des banques. Le phénomène est particulièrement inquiétant à la frontière avec la Colombie où plus de 700 000 têtes auraient été volées puis revendues dans le pays voisin.

Autre conséquence de ce trafic de viande : l’apparition de vendeurs à la sauvette qui bradent les prix et ne respectent aucune règle d’hygiène. Une concurrence déloyale qui oblige bon nombre d’éleveurs à mettre la clef sous la porte.

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