Caucus dans l’Iowa: «Prendre le pouls d’une Amérique qu'on entend peu»

Aux États-Unis, l'Iowa ouvre ce lundi 3 février le bal des votes de la primaire démocrate, avec le traditionnel caucus, des sortes d'assemblées d'électeurs qui vont se réunir à 19 heures (heure locale) pour exprimer leur choix parmi les 11 candidats démocrates toujours dans la course à l'investiture.

Le suspense reste entier. Quatre favoris restent assez proches dans les sondages : l'ancien vice-président Joe Biden en tête, suivi de près par Bernie Sanders, Pete Buttigieg et Elizabeth Warren. C'est l'Iowa qui donne le pouls de la campagne malgré le fait que cet État du Midwest américain ne pèse que 1 % de la population, à 90 % blanche et donc peu représentative de la diversité.

« C'est effectivement le problème des caucus en Iowa et la semaine prochaine de la primaire du New Hampshire, où ça donne une importance surdimensionnée par rapport à leur poids démographique et économique réelle de deux petits États qui, de surcroît, sont de moins en moins représentatifs démographiquement de la diversité raciale des États-Unis », analyse Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire et spécialiste des États-Unis.

Pour le spécialiste des États-Unis, ces caucus « posent un problème. Il faudrait peut-être changer l'organisation de cette primaire pour cesser de donner de l'importance à ces États, mais d'un autre côté ça permet de prendre le pouls à une Amérique qu'on entend assez peu en ce qui concerne l'Iowa, c'est-à-dire l'Amérique du Midwest , l'Amérique rurale. L'Iowa a voté Obama deux fois puis a voté pour Trump en 2016 ».

« C'est intéressant de voir que cette Amérique du Midwest qu'on a souvent  tendance à négliger à cause de deux grandes mégalopoles du littoral et de savoir ce que cette Amérique du Midwest souhaite comme candidat démocrate face à Trump, c'est une indication très précieuse pour les démocrates dans leurs primaires », conclut Corentin Sellin.

De nouvelles règles

Signe que la course est très ouverte. Quelque 45 % des électeurs de cet État rural se disent prêts à changer d'idée le jour même du vote. Le mode d'élection est particulier dans l'Iowa. Il n'y a pas de vote dans une urne, mais des électeurs se réunissent et débattent publiquement avant de désigner le vainqueur, en formant des groupes pour soutenir tel ou tel candidat.

Les caucus ont été historiquement créés pour permettre une plus grande participation de la population à l'élection présidentielle. Mais les règles changent cette année. Pour plus de transparence, le parti démocrate publiera deux nouvelles données : le nombre de supporteurs de chaque candidat au premier tour et celui des finalistes au dernier round.

« Le caucus, c’est un système fermé, au sens où il se limite aux électeurs du parti. En fait, c’est la base la plus mobilisée, la plus motivée, qui finalement décide du choix du candidat (...) Donc c’est un système où la désignation repose en fait sur les gens les plus actifs du parti. Cela peut être des pourcentages, parfois, qui vont jusqu’à 5 ou 10 % », observe Hélène Harter, directrice du Centre de recherches d'histoire nord-américaine à l'université Panthéon-Sorbonne.

En 2004, le caucus démocrate de l'Iowa n'avait réuni que 5,7 % des inscrits. Ce sont eux qui ont donc désigné le candidat des démocrates pour l'État de l'Iowa alors qu'ils n'étaient que 5 %. « Cela montre bien que, selon les États, selon les partis, le degré de mobilisation et d’intérêt est assez inégal. Donc on est bien dans cette idée que ce sont les militants qui jouent un rôle extrêmement central dans le processus de désignation », conclut la directrice du Centre de recherches d'histoire nord-américaine à l'université Panthéon-Sorbonne.

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