Avec un vote par smartphone, la région de Seattle aux États-Unis pense ainsi lutter efficacement contre l’abstention grandissante des électeurs du comté de King, dans l’État de Washington. L’enjeu est d'élire les représentants du conseil des superviseurs électoraux, un appel aux urnes qui ne soulève guère les foules, en affichant un taux de participation ridicule d’environ 1%. Les électeurs utilisent leur nom et date de naissance pour se connecter à un portail dédié, accessible avec n’importe quel navigateur web équipant un smartphone.
La société Democracy Live, l’un des principaux fournisseurs de technologies de vote par mobile aux États-Unis, est le maitre d’œuvre du projet. Cette entreprise financée par le gouvernement fédéral et par des fonds privés a travaillé avec les firmes Amazon et Microsoft pour déployer sa plateforme et développer les applications spécifiques que les électeurs téléchargent sur leurs smartphones.
« Une idée vraiment stupide »
« Une fois le bulletin de vote dématérialisé rempli, il suffit de le soumettre en le signant sur votre écran tactile », indique le site des concepteurs. Suivra la version imprimée du bulletin afin de comparer ce paraphe numérique avec celui figurant sur les documents en papier lors du dépouillement des suffrages. Les électeurs de la région de Seattle ont jusqu’au 11 février, jour du scrutin, pour participer à cette expérience de vote en condition réelle par mobile.
Cette innovation est loin de faire l’unanimité chez les spécialistes de la sécurité informatique, tant aux États-Unis que dans le reste du monde, après la vague des cyberattaques pour influer le résultat des présidentielles américaines. Et le piratage possible des infrastructures télécoms déployées à l’occasion des rendez-vous électoraux inquiète la plupart des experts. « Il existe un consensus ferme au sein de la communauté des spécialistes en cybersécurité selon lequel le vote par mobile est une idée vraiment stupide », fulmine par exemple, Duncan Buell, professeur d'informatique à l'université de Caroline du Sud.
En France, le vote électronique réalisé, soit sur des machines non connectées, soit directement en ligne a déjà fait l’objet de plusieurs expérimentations. Les Français de l’étranger ont pu ainsi utiliser internet en 2012, lors des législatives, puis en 2014, pour les élections consulaires. Mais toutes ces tentatives de numérisation électorale ont été arrêtées en 2017 sur recommandation de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui estimait que les technologies web présentaient de graves risques de fraudes électorales.
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