François Hollande a convoqué ce jeudi soir un conseil restreint de Défense à 18h00 à l'Elysée auquel ont participé le chef d'état-major des armées, Edouard Guillaud, et les ministres Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Manuel Valls (Intérieur).
Selon les scénarios initiaux, l'intervention ne devait avoir lieu qu'après le Sommet de l'Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique, vendredi et samedi. Mais dès la sortie du conseil, François Hollande a annoncé que l'opération Sangaris en Centrafrique serait lancée dans les prochaines heures, avec un doublement, à environ 1 200 hommes, des effectifs français qui interviendront pour éviter une catastrophe humanitaire.
« Vu l'urgence, j'ai décidé d'agir immédiatement, c'est-à-dire dès ce soir », a-t-il déclaré. Les effectifs français actuels en République centrafricaine, soit 600 militaires, seront « doublés d'ici quelques jours, pour ne pas dire quelques heures », a-t-il ajouté quelques heures après que le Conseil de sécurité de l'Onu a autorisé le recours à la force pour mettre fin aux combats.
« La France est attendue pour éviter une catastrophe humanitaire, elle sera là », a-t-il précisé. « Cette intervention sera rapide, elle n'a pas vocation à durer et je suis sûr de son succès », a conclu le président.
« Le Conseil de sécurité est sorti de son indifférence »
Le vote du Conseil de sécurité ce jeudi est intervenu alors que des violences meurtrières ont éclaté ce matin à Bangui et que 250 soldats français se sont déployés dans la capitale, placée sous couvre-feu de 18h à 6h par le président Djotodia.
Le texte, adopté à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil sur proposition de la France autorise les soldats français en Centrafrique à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca (force africaine en RCA) dans l'accomplissement de son mandat ».
La Misca pourra se déployer « pour une période de douze mois », avec une clause de révision à six mois, avec pour mission de « protéger les civils, rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays » et faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Les effectifs de la force de l'Union africaine pourraient également augmenter pour passer à près de 4 000 hommes, voire plus. Le Congo-Brazzaville, notamment, doit envoyer 300 soldats supplémentaires.
Dans le cadre de l'opération Sangaris, la France doit tripler son contingent sur place, qui passera à 1 200 hommes. Ils sont chargés notamment de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.
« Le Conseil de sécurité est sorti de son indifférence », a commenté l’ambassadeur français après ce feu vert donné par l’ONU à une intervention en RCA.
La résolution envisage la transformation éventuelle de la Misca en force de maintien de la paix de l'ONU quand les conditions le permettront, c'est-à-dire dans plusieurs mois, et à condition que le Conseil donne à nouveau son feu vert.
Commission d'enquête sur les droits de l'homme
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit préparer un rapport à ce sujet dans les trois mois. Selon un précédent rapport de M. Ban, une telle opération devrait mobiliser entre 6 000 et 9 000 casques bleus pour être efficace.
La résolution prévoit aussi une commission d'enquête sur les droits de l'homme et un embargo sur les armes à destination de la RCA pendant un an.
Le Conseil brandit enfin la menace de sanctions ciblées (essentiellement le gel d'avoirs et une interdiction de voyager) contre les responsables d'exactions, ceux qui tenteraient de violer l'embargo ou de bloquer la transition politique en RCA, ou encore de piller les ressources naturelles du pays.
Amnesty International et la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) ont pris acte de cette résolution, mais les deux ONG regrettent l'absence de mise en place plus rapide d'une véritable force de maintien de la paix des Nations unies.