Plusieurs dizaines de milliers de personnes, 40 000 selon des sources policières, sont arrivées dimanche en début d'après-midi aux abords du musée du Bardo à Tunis. Une foule impressionnante, très dense agitant des drapeaux et qui a parcouru plusieurs kilomètres depuis une des portes de la Medina.
Une marée composée d'enfants, de personnes âgées et de jeunes de toutes classes confondues. De simples citoyens mais aussi des syndicalistes, des représentants d’associations et de partis politique, tous unis contre le terrorisme. Ces manifestants brandissent des pancartes « Nous sommes Bardo », « Non au terrorisme » et entendent envoyer le message suivant : « Nous ne nous laisserons pas impressionner ». Une phrase qu'ils sont nombreux à répéter. Ils adressent également un message aux étrangers : « N'ayez pas peur de venir en Tunisie », appelant les touristes à revenir dans leur pays.
On sent également une volonté d'union nationale, malgré l'absence remarquée du Front populaire, cette importante coalition de gauche qui dénonce la présence d'Ennahda, le parti islamique qui a appelé à manifester. C’est cependant une démonstration de force, bien plus importante que les timides rassemblements qui avaient suivi l’attentat du Bardo.
Tout au long du parcours, on remarque un important dispositif de sécurité, des hélicoptères et des forces de police très présentes à différents points de la marche. Une sécurité renforcée en raison de la présence de personnalités étrangères comme le chef de l’Etat français François Hollande, mais aussi les présidents polonais et palestinien, Bronislaw Komorowski et Mahmoud Abbas. Sont aussi présents des ministres européens, le Premier ministre italien, le chef de la diplomatie espagnole, le ministre de l'Intérieur allemand et le chef du gouvernement algérien. L'Algérie, qui combat également le terrorisme à la frontière tunisienne, se montre particulièrement solidaire. Tous ces officiels devaient inaugurer une stèle en hommage aux victimes de l'attentat.
Accrochages à Gafsa
Certains Tunisiens pointent le fait qu'il n'y avait que trois chefs d'Etat étrangers. Ils avaient espéré la présence de plus de dirigeants de haut rang. Beaucoup évoquent la manifestation qui avait suivi l'attentat de Charlie Hebdo à Paris, souhaitant que cette marche prenne la même ampleur.
Parallèlement, l'enquête sur l'attentat se poursuit. Un responsable du ministère de l'Intérieur a indiqué dimanche matin que neuf islamistes, dont un chef algérien, avaient été tués par les forces tunisiennes dans le gouvernorat de Gafsa, dans le sud tunisien. Ces neuf personnes sont fichées comme étant parmi les plus dangereux terroristes du pays.