Avec notre correspondante à Antananarivo,
Près de 400 000 employés du secteur privé pourraient être privés de salaire les mois prochains. Le document, quasiment achevé, liste toute une série d’aides qui pourraient être octroyées, de l’annulation de dettes à la prise en charge partielle des salaires. Subventions, dons, prêts… L’Etat et les bailleurs doivent encore s’entendre sur le financement de ce plan.
Pour l’heure, le plan de relance économique (appelé Plan de Mitigation) du pays s’élèverait à plus de 320 millions d’euros. Celui-ci devra d’abord être validé en conseil de gouvernement pour pouvoir ensuite recevoir l’appui des bailleurs. Mais ni le montant ni la nature des aides n’ont encore été actés. Les groupements du secteur privé pressent l’Etat d’agir au plus vite.
Pour Rivo Rakotondrasanjy, à la tête du groupement du patronat malgache (Fivmpama), ce document est essentiel pour le futur de l’économie du pays. « Le principal objectif, c’est d’abord stopper l’hémorragie de la dégradation du tissu économique. Ensuite, préserver l’emploi et les entreprises pour qu’on puisse avoir une base sur laquelle on peut s’appuyer au moment de la relance économique. »
Trésoreries à sec
Avec son million et demi de personnes impactées, le secteur touristique est le plus sinistré de tous. Premier à avoir été touché par le coronavirus, lors de la fermeture des frontières en mars dernier, il risque aussi, de l’avis des opérateurs du secteur, à être le dernier à se relever, une fois la crise sanitaire passée. Tous aujourd’hui affirment avoir perdu 100% de leurs revenus. Après avoir payé leurs employés durant deux mois sans aucune rentrée d’argent, les entrepreneurs du secteur affirment ne plus être en capacité d’assumer cette charge : les trésoreries sont à sec.
Pour Johann Pless, administrateur de la Confédération du tourisme de Madagascar, qui participe à l’élaboration du plan, l’Etat doit donc aider urgemment. « Nous demandons que toute suspension ou report de charges sociales, patronales ou d’impôts soient prorogés mais nous allons aussi demander éventuellement d’effacer certaines dettes parce qu’au moment de la reprise, et ce ne sera pas avant 2021 d’après nous, nous allons devoir supporter un certain nombre de dépenses que nous devons à l’Etat et à d’autres prestataires, et cette situation va être totalement intenable. Aujourd’hui, nous avons besoin de recevoir des subventions pour conserver l’employabilité de nos collaborateurs. »
Les acteurs du secteur touristique insistent particulièrement pour que la Caisse nationale d’assurance et de prévoyance santé, l’organe indépendant qui collecte les charges patronales et salariales, débloque en urgence les fonds pour payer 50% du montant des salaires des sociétés les plus en difficulté.