C’est vers 5h30 que l’attaque a été lancée et a cessé aux environs de 10 heures. Selon le maire de Butembo, Sylvain Kanyamanda, les assaillants étaient vêtus en « civils » et équipés d’armes blanches, armes à feu, mais aussi de grigris. Les assaillants, de présumés Maï-Maï, ont visé, dit-il, une position militaire dans la partie nord de la ville. Le maire parle d’un groupe « très organisé » et dit espérer que l’audition d’au moins deux miliciens capturés permettra d’en savoir davantage sur leur identité et aussi sur leurs objectifs.
La société civile sur place a évoqué des affrontements dans plusieurs points stratégiques. Les affrontements auraient cessé vers 10h dans le centre-ville selon des témoins. Mais des tirs sporadiques étaient encore entendus dans la périphérie de Butembo en milieu de matinée.
Les activités médicales de nouveau perturbées
Les assaillants envisageaient-ils de s’en prendre aux équipes de la riposte à l’épidémie d’Ebola ? Impossible à affirmer à ce stade. L’audition d’au moins un assaillant capturé, selon les autorités, devrait permettre d’en savoir davantage, assure le maire de la ville. Quoi qu’il en soit, les activités des équipes médicales chargées de lutter contre l’épidémie ont une nouvelle fois été paralysées.
Ce mardi déjà, elles ont été fortement ralenties suite à une rumeur, démentie depuis, selon laquelle un conducteur de moto-taxi serait mort après une collision avec un véhicule de l’équipe de la riposte. Cette rumeur avait entraîné des jets de pierre contre l’hôpital général et alimenté la crise de confiance entre équipes médicales et population. Vendredi dernier, deux motards avaient déjà perdu la vie alors au cours d’un accrochage qui a eu lieu sur le site d’un enterrement sécurisé d’une patiente morte d’Ebola, ayant entraîné deux jours de manifestations, rapporte la société civile de Butembo.
Cela fait donc cinq jours maintenant que les activités de la riposte à l’épidémie d’Ebola tournent au ralenti. Ce qui fait craindre une flambée des contaminations et des décès liés à la maladie.
Inquiétude de la société civile
La société civile s'inquiète comme en témoigne Edgar Mateso, vice-président de la société civile de Butembo, qui demande au président Felix Tshisekedi de tenir ses promesses de campagne.
« Il a promis que la pacification de l’Est était sa priorité, rappelle Edgar Mateso que nous avons joint au téléphone. Il a promis de remplacer tous les militaires qui étaient dans la région. Nous, on était en train d’espérer la pacification, malheureusement notre espoir est en train de se flétrir.
La plupart des militaires qui sont à l’est de la République démocratique du Congo sont d'anciens rebelles et nous craignons qu’ils soient en accointance avec leurs anciens compagnons. C’est pourquoi nous avons toujours émis le vœu que tous ces militaires soient mutés vers l’ouest et que ceux qui sont du côté de l’ouest viennent à l’est du pays. De telle sorte que ceux qui pourraient être soupçonnés d’être familiarisés à des groupes armés soient un peu éloignés de leur milieu naturel. Cela pourrait être un début de pacification de cette région. »