Dans la capitale, des centaines de milliers de personnes ont manifesté sans incident. Les accès à la ville avaient été bloqués par la gendarmerie et dans le centre d’Alger, la police a empêché l’accès au tunnel des facultés, qui est devenu un lieu emblématique des manifestations. Mais qui est aussi l’endroit où il y a eu des blessés la semaine dernière après des mouvements de foule provoqués par l’utilisation de gaz lacrymogène par la police.
Dans les rangs des manifestants, les pancartes montrent que les positions n’ont pas bougé. Ceux qui protestent estiment que le pouvoir revient au peuple et qu’il faut l’écouter. On peut voir, par exemple, ces slogans : « Le peuple veut qu’ils s’en aillent tous », « C’est notre pays et on fait ce que l’on veut ».
Contre la consultation proposée par Bensalah
Certains manifestants rejettent par ailleurs l’initiative lancée par le président par intérim, Abdelkader Bensalah, qui réunit des partis d’opposition et des membres de la société civile pour une grande consultation lundi prochain. D'autres demandent à ce que des personnalités politiques soient jugées, notamment sur les affaires de corruption.
Il y a également ces réactions aux différentes formes de violence de la part des forces de l’ordre cette semaine. Sur la rue Didouche, une énorme pancarte a été déroulée en référence aux manifestantes forcées de se dénuder dans un commissariat. Il y était écrit « la femme algérienne est jolie, intelligente et forte, alors c’est une honte ce que vous avez fait à nos sœurs ».
Avec la mobilisation de ce vendredi, il semble que cette semaine encore, les autorités n’ont pas convaincu les manifestants. Il faut donc s’attendre à ce que la mobilisation se poursuive.
On a par ailleurs appris dans la soirée qu’un manifestant de 23 ans, blessé la semaine dernière lors de la manifestation à Alger, est décédé de ses blessures à l’hôpital Mustapha Pacha. Selon une source hospitalière, il était dans le coma suite à un traumatisme cranien grave.
Anniversaire du Printemps noir
Ce vendredi était aussi l’anniversaire du soulèvement en Kabylie en 2001 et de sa répression. C’est ce que l’on appelle le « Printemps noir ». Des affiches ont été collées tout autour de la Grande Poste, les portraits des 127 jeunes tués par les forces de l’ordre à cette période.
Ces affiches rappellent que le 18 avril 2001, un jeune homme est tué par une rafale d’arme à feu dans une brigade de gendarmerie près de Tizi Ouzou. S’ensuivent des violences mais aussi une très importante mobilisation populaire pour obtenir le respect des droits et des libertés. Une mobilisation qui n'a pas réussi. « C'était pas comme aujourd'hui, maintenant on est libres de manifester », commente un jeune homme qui dépose des fleurs au pied des affiches.