À Moroni, beaucoup d’habitants décrivent une ambiance tendue, la peur de nouveaux troubles et d’arrestations. Le ministre de l’Intérieur réfute ces témoignages et décrit une situation normale. « Il n'y a pas de dizaines personnes d'arrêtées, ce n'est pas du tout vrai. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des personnes entendues par la gendarmerie », admet cependant Mohamed Daoudou.
Le ministre reconnaît que Soilihi Mohamed, un ex-colonel de l'armée, a été arrêté. Surnommé « Campagnard », il préside le Conseil national de transition, créé par l’opposition pour contester l’élection. À écouter Mohamed Daoudou, l’ancien haut gradé et les membres du CNT risquent gros. « Il a appelé à la violence, à l'insurrection, à la rébellion. Il y a des documents, des éléments tangibles. Il a signé, avec une liste de personnes. Malheureusement, parmi ces personnes il y a des candidats... Des anciens candidats. Ces gens-là l'ont soutenu. Ils ont sorti une déclaration appelant à la violence, à la rébellion, à l'insurrection. Ils doivent répondre [de leurs actes] », affirme le ministre de l'Intérieur.
« Ce qui est sûr », conclut-il, c'est que le gouvernement ne laissera pas « le désordre s'installer » et va prendre ses « responsabilités » face à « toute tentative de déstabilisation ou de nature à semer le trouble ».
L’opposition craint que le pouvoir n’utilise l’attaque, jeudi, du camp militaire de Kandani par un officier évadé, pour lancer d’autres interpellations. Mohamed Daoudou affirme en tout cas que des complices sont peut-être encore en liberté : « Mon impression, c'est qu'il y aura des responsables. L'enquête établira les responsabilités des uns et des autres. Et après, il y aura sûrement un procès. »
Samedi, une perquisition a d’ailleurs été menée et un ordinateur saisi au domicile de « Campagnard ». Son remplaçant au CNT, Mouigni Baraka, a, lui, été convoqué à la gendarmerie.