Guitare, pancartes, drapeaux, chants, slogans, dessins… La petite centaine de manifestants pacifiques ne s’est pas déplacée les mains vides. Algérien, Salim est venu avec un dessin représentant un portrait du président algérien en train de s’autodétruire : « Bouteflika chez nous on le représente aujourd’hui à travers un cadre. Puisqu’on ne le voit plus. L’iconographie du cadre a vraiment pris de l’ampleur, donc j’ai utilisé l’oeuvre de Bansky pour dire que Bouteflika il est fini. »
Pour Sofiene, lui aussi installé en Tunisie, ce rassemblement est un moyen de communier à la mobilisation qui secoue sa terre natale : « Et là, actuellement on va vers une autre Algérie, une Algérie moderne, démocratique, une Algérie nouvelle. Quand on voit tout ce qui se passe, moi personnellement j’ai pleuré. »
Quelques dizaines d’Algériens seulement se sont joints au mouvement, sur les 20 à 30 000 ressortissants présents en Tunisie. Pas si étonnant selon Alaa Talbi, directeur du Forum tunisien des droits économiques et sociaux : « On sait très bien que l’ambassade d’Algérie en Tunisie a ses canaux ici. Et ces Algériens ont peur qu’il y ait des poursuites, y compris le non renouvellement de leur titre de séjour. »
Pas d’engouement non plus au sein de la population tunisienne. Vous savez très bien que les Tunisiens ont souffert du chaos en Libye. Donc ils ont peur qu’il y ait un autre chaos en Algérie. Syndicaliste et féministe tunisienne, Leila est venue par solidarité avec ses voisins algériens mais ne cache pas ses craintes : « On a peur pour eux parce qu’ils ont une richesse en gaz naturel. Ce qui fait couler la salive des Européens et des Américains donc on craint pour eux. »
Pour l’heure en Tunisie, aucune voix politique officielle n’a commenté la mobilisation qui secoue l’Algérie avec laquelle le pays partage 1000 kilomètres de frontière.
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