Pour le gouverneur régional, Mohamed Ibrahim Barre, les agents d’entretien ont été tués « parce que les shebabs ne voulaient pas qu’ils nettoient la rue ». Les ordures font en effet partie intégrante de la stratégie des islamistes. Ils se servent des arbres, des broussailles, mais aussi des immondices qui jonchent les voies pour y cacher des engins explosifs improvisés (EEI), une arme cruciale pour leur guerre asymétrique.
Les EEI sont utilisés pour interdire une zone à l’ennemi, déclencher une embuscade, viser des convois, tuer des officiels, ou encore restreindre les mouvements des biens et des populations.
Or la Somalie se prête bien à leur utilisation. « Le nombre de routes est limité, beaucoup sont étroites, avec des buissons épais mais aussi des piles d’ordures », confie un expert.
Rashid Abadi, de l’International Crisis Group, va plus loin. Selon lui les shebabs visent aussi les agents d’entretien « s’ils échouent à les recruter pour qu’ils posent eux-mêmes des bombes. Malheureusement les victimes sont souvent des femmes parmi les plus pauvres », explique le chercheur.
En août 2014, une bombe cachée dans un tas d’ordures avait été déclenchée à distance alors que trois personnes essayaient de les déplacer. En 2007, les shebabs avaient revendiqué l’assassinat de vingt-et-un nettoyeurs.