Même si Elecam, l'organe chargé des élections, assure que tout est prêt pour ouvrir les 4 027 bureaux de vote annoncés dans les deux régions anglophones, le scrutin de dimanche a tout d'un casse-tête. Comment acheminer le matériel alors que les violences sont quotidiennes ? Par quel moyen assurer une élection quand les fonctionnaires quittent leurs postes en masse ?
Et même si les soucis techniques sont résolus, les populations elles-mêmes sont réticentes à aller voter. En effet, dans des messages diffusés sur les réseaux sociaux, les séparatistes armés affirment qu'ils s'en prendront à quiconque participera au scrutin.
Des habitants effrayés
Des avertissements pris très au sérieux par les populations. Ainsi à Bamenda, l’une des villes en zone anglophone, restaurants, marchés, établissements scolaires, hôpitaux, quasiment tout est fermé.
Les places publiques sont vides, d'après plusieurs témoins. Les habitants sont cloitrés dans leurs domiciles et préfèrent y rester à l’abri des risques d'exactions. C’est le cas de Mathilde, qui est persuadée que « le jour du vote, personne n’ira voter ».
Elle ne « sait vraiment pas comment [elle] va passer ce dimanche », mais une chose est sûre : sa vie et celle de sa famille sont bien plus importantes que sa voix à une élection. « Tout le monde ici est effrayé par ce qui pourrait se passer », témoigne-t-elle, car « la situation est tellement tendue ».
Même si Elecam a assuré qu'un dispositif sécuritaire serait en place dans les bureaux de vote, les habitants ne sont pas convaincus. Comme « la majorité des gens ici », James, domicilié à Fundong dans le département du Boyo, « ne votera pas » dimanche.
Procédure de vote complexe pour les déplacés
D’autres ont fui leurs localités par dizaines de milliers ces dernières semaines. Or, le vote de ces déplacés semble tout aussi compromis. Elecam, avait initialement envisagé de délocaliser certains bureaux, mais « le projet a finalement été abandonné », affirme Erik Essoussé, le directeur général des élections.
Il faudra donc avoir effectué un transfert préalable de liste pour pouvoir voter ailleurs que dans son lieu de résidence. Ce qui, de fait, risque d'exclure une majorité des au moins 246 000 déplacés.