Deux jours après la phrase lâchée dans les colonnes du Figaro par l'ancien Bajolet, la mise au point de l'ambassadeur de France à Alger s'est voulue ferme. « Bernard Bajolet, c’est Bernard Bajolet. Il s’exprime à titre personnel, il n’engage en aucun cas, je dis bien en aucun cas, le gouvernement, le président et l’administration française », a affirmé Xavier Driencourt. Alors que la presse algérienne s’était emparée de l’affaire, hors de question pour lui de laisser imaginer que Paris pourrait être à la manœuvre.
Car Bernard Bajolet n’est pas n’importe qui. Cet ancien diplomate est surtout l’ex-directeur général des renseignements extérieurs français, poste qu’il a occupé sous François Hollande entre 2013 et 2017. Sa phrase n’est donc pas passée inaperçue, d'autant qu'il a enfoncé le clou lundi lors d’un déjeuner à Paris avec la presse diplomatique. « Soyons clairs, je souhaite longue vie au président Bouteflika. Je ne suggère donc pas qu’on le débranche », a-t-il tenté de se justifier. Avant d'ajouter : « Cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui espèrent continuer à se maintenir et à s’enrichir. »
Ces déclarations au vitriol s’ajoutent à celles déjà contenues dans un livre qu’il vient de publier sur ses souvenirs de diplomate. Lorsqu’il était ambassadeur de France à Alger entre 2006 et 2008, Bernard Bajolet explique par exemple avoir été pris « de vertige par les sommets que la corruption avait atteints, touchant jusqu’à la famille du président. »