Beni ressemblait à une ville morte ce lundi, une vue qui pourrait se répéter, puisque les représentants de la société civile appellent à ce que le deuil débuté dans la matinée soit prolongé jusqu’au vendredi 28 septembre.
Le temps pour les autorités d’arriver, explique Kizito Bin Hangi. Les organisations réunies ce lundi « exigent que les ministres de la Défense et de l’Intérieur, ainsi que le chef de l’état major, puissent venir à Beni afin d’évaluer ensemble avec la population, les opérations militaires » contre les présumés rebelles, rapporte le président par intérim de la société civile de Beni.
Elles réclament également « la démission des autorités civiles et militaires de Beni », ainsi que la suspension des activités des ONG présentes et des activités de lutte contre Ebola, « car mieux vaut mourir par Ebola que d’être exterminés par les massacres à répétition » qui frappent la ville. Des « mesures dures » qui ont pour but de « contraindre » les autorités à prendre leurs responsabilités.
Alors que la capitale du Nord-Kivu s'est recueillie toute la journée et a continué à enterrer ses morts, la colère continue de gronder dans cette ville du nord-est du Congo, encore sous le choc de l’attaque de samedi.
Partout dans la ville, on pouvait voir de petits regroupements de gens et toujours les mêmes questions : comment les présumés rebelles ADF ont pu percer les défenses nationales et internationales et aller jusqu'au cœur de la ville avant de se replier, officiellement sans avoir subi de pertes ?
La « puissance » des présumés rebelles ADF
Jason Stearns, directeur du groupe d’études sur le Congo, rattaché à l’université de New York, note la « puissance » actuelle des présumés rebelles ADF et se demande « d’où ils ont du ravitaillement parce que parfois ils attaquent vraiment avec de l’armement assez lourd ».
Ce spécialiste de la région rappelle que « le groupe, presque écrasé en 2014, est parvenu à gonfler ses effectifs avec des recrutements au niveau de la sous-région ». Il se demande pourquoi une opération, lancée depuis quatre ans et demi avec « des milliers de soldats » dans le but d’éliminer les ADF, n’a « pas réussi à éliminer l’ennemi ». Le chercheur note même que ce sont au contraire « plutôt les ADF qui ont pris l’initiative » en 2018 et « sont sur l’offensive ».
Les autorités administratives et militaires de la province du Nord-Kivu et de la ville de Beni sont quant à elles restées injoignables ce lundi.