Cette taxe fait l'effet d'un coup de massue pour les Kényans. Repoussée depuis 5 ans, son application a un effet mécanique : elle entraîne une hausse du prix des transports. Andrew est taxi-moto depuis 7 ans. Les clients ne viennent plus et il a du mal à trouver de l'essence à cause d'une grève des distributeurs.
« Tout le monde pleure, raconte Andrew. Mon plein est passé de 1 200 à 1 600 shillings. Ça fait une très très grosse différence. Le soir je rentre à la maison avec rien. On essaie d'augmenter nos prix, mais les clients refusent de payer. »
L'opposition a lancé un ultimatum au ministre des Finances. Deux recours en justice ont aussi été déposés. En attendant, tout le secteur des transports est affecté. « On a dû augmenter nos tarifs. On n'avait pas le choix. Alors les clients ont décidé de se déplacer à pied. Maintenant on met 15 minutes pour remplir le bus et partir. Avant ça prenait 5 minutes. On est très en colère. Il est possible qu'on se mette une grève », témoigne Jeffrey Okoh, chauffeur de bus.
Patrick Kariuki prend deux bus pour se rendre chaque jour au travail. Ses déplacements quotidiens lui coûtent désormais 300 shillings au lieu de 200. Et pour lui, la situation ne va faire qu'empirer : « L'essence touche tous les secteurs de Nairobi. Quand le prix monte, tout augmente, la nourriture, tout. Déjà aujourd'hui ça coûte très cher de vivre en ville. Ma famille a dû partir en 2015, parce que le coût de la vie était devenu trop élevé. »
Le président Kenyatta vient tout juste de rentrer de Chine. Beaucoup se tournent vers lui pour qu'il agisse. S'il ne fait rien, le conflit risque de se durcir.