Le Kenya veut expulser tous les migrants illégaux

Depuis une dizaine de jours, le Kenya intensifie sa lutte contre l'immigration clandestine. Le gouvernement a annoncé l'expulsion de tous les illégaux d'ici le 30 novembre. Une opération qui suscite la polémique.

Le ministre de l'Intérieur se veut sans pitié pour les sans-papiers. Habitué aux discours incendiaires, Fred Matiangi a accusé les illégaux de prendre le travail des Kényans et de commettre des crimes. « Avant de venir ici, ils avaient un chez eux. Ils doivent y retourner », a-t-il déclaré.

Mais son opération d'expulsion inquiète. Selon Amnesty International, des centaines d'immigrants ont été arrêtés à travers le pays. Or l'ONG dénonce des abus, avec des interpellations de réfugiés et demandeurs d'asile. « Ces gens ne peuvent pas être expulsés. Le pouvoir doit arrêter de harceler ceux qui ont fui la guerre et les persécutions », a déclaré Seif Magango, directeur adjoint d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est.

L'organisation se dit aussi très préoccupée par une ligne téléphonique mise en service pour dénoncer les travailleurs illégaux. « Cette approche peut encourager la xénophobie. Chaque personne doit avoir son cas examiné par un tribunal », a indiqué Seif Magango.

Les rafles ont aussi entraîné une crise diplomatique. Près de 200 Sud-Soudanais ont en effet été arrêtés. Juba a accusé la police kényane de maltraiter ses ressortissants et d'outrepasser son mandat. Le pays a même convoqué le chargé d'affaires kényan. Finalement, les deux parties se sont entendues pour que ces personnes soient libérées.

Il n'empêche, l'incident n'a pas attendri la police kényane, qui a rappelé que tout expatrié devait constamment avoir ses papiers sur lui.

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