Le gouvernement sud-soudanais n'a pas dit comment il comptait financer l’explosion de son budget, votée lundi. Le ministre des Finances a pourtant assuré qu'il serait couvert par les propres ressources du pays, sans emprunt.
Salvatore Garang Mabiordit a précisé que 40 % de la somme servirait à payer les salaires. Or, la majorité des dépenses du Soudan du Sud se font dans le secteur de la défense. Là-dessus, le ministre a seulement reconnu que « la paix coûtait cher ».
Un budget qui semble irréaliste
L'écrasante majorité des revenus du pays provient du pétrole. Or le gouvernement a annoncé un retour de sa capacité totale de production d'ici la fin 2018. Sauf que « beaucoup d'infrastructures ont été pillées, endommagées ou fermées dans l'urgence à cause de la guerre. Relancer cela demandera beaucoup de temps et d'investissement », explique Luke Patey, chercheur à l'université d'Oxford. Il ajoute que les compagnies étrangères sont très frileuses, vu les conditions de sécurité.
Si l'on en croit la Banque Mondiale, ce budget n'est pas tenable. L'institution pointe une forte inflation, une énorme dette, la menace de sanctions internationales ou encore une croissance négative de quasi 7 % l'an dernier.
« Si le gouvernement compte sur la communauté internationale pour payer la différence, il risque d'être déçu », confie un observateur. Les autorités se raccrochent peut-être sur l'espoir d'un accord de paix, dont le texte est en discussion. Mais là encore, l'état des négociations n'inspire pas confiance.