Jones Abiri, du journal Weekly Source, a été détenu au secret pendant deux ans selon Human Rights Watch. Il a récemment été libéré sous caution et devrait comparaître début septembre pour ses liens présumés avec un groupe armé du delta du Niger.
Samuel Ogundipe, lui, a été arrêté lundi 13 août en compagnie de deux collègues de son journal, Premium Times. Il a aussi été libéré sous caution et doit comparaître ce jeudi 23. La justice lui reproche le vol et la possession illégale de documents classifiés.
« C'est lié à un rapport qu'il a publié, rédigé par l'inspecteur général de la police à l'attention du président intérimaire Yemi Osinbajo, précise Anietie Ewang, chercheuse pour Human Rights Watch à Abuja. Fondamentalement, ce qu'on nous a dit c'est que la police lui demandait de dévoiler ses sources ce qui, n'importe quel journaliste vous le dirait, est contraire aux règles déontologiques. Ils ont donc sévi contre Samuel même s'il n'était pas le seul à ma connaissance à avoir publié le document en particulier. »
Anietie Ewang souligne que ce n’est pas la première fois que son journal a des démêlés avec les autorités. « Le journal Premium Times est un journal engagé, qui travaille sur beaucoup de sujets. Il a été très critique envers le gouvernement et plusieurs agences gouvernementales dont l'armée. Je crois qu'au tout début de l'année dernière, en janvier, la police a fait une descente à leur bureau à Abuja. Le rédacteur en chef et le spécialiste justice ont été brièvement arrêtés. Donc je crois que c'est le genre de relations que les médias comme Premium Times ont avec le gouvernement. »
Renvoi du directeur d'une agence de sécurité
L’ONG, en revanche, se félicite du renvoi du patron de l'agence gouvernementale de sécurité la State Security Service, Lawal Daura. C'est une bonne nouvelle, estime la chercheuse pour HRW à Abuja, Anietie Ewang, « pour les journalistes » mais aussi « pour les militants ».
« Cela affiche une volonté de dire que les violations des droits humains, dont il était accusé, et le fait d'agir hors du cadre légal sont inacceptables, particulièrement pour une agence aussi puissante que le State Security Service. Donc c'était un effort louable de la part du président intérimaire et nous espérons que le State Security Service sera réformé. Renvoyer le directeur général est une chose mais s'assurer que l'ensemble des règles auxquelles l'agence doit se conformer sont réellement respectées en est une autre. Et je pense que davantage que ce renvoi, beaucoup plus doit être fait pour que cette agence soit une agence de sécurité respectueuse des droits. »