Kenya: éviction de familles du complexe forestier de Mau dans la vallée du Rift

Au Kenya, des milliers de personnes sont chassées de leurs terres dans le complexe forestier de Mau, dans la vallée du Rift. Dans un énième effort pour protéger cette forêt, la plus importante réserve d’eau du pays, les autorités détruisent depuis plusieurs semaines des centaines d’habitations illégales qui empiètent sur le complexe forestier. Une opération très sensible politiquement.

Des expulsions au nom de la préservation de l’environnement. La forêt de Mau est le bassin hydrographique de plus de sept lacs, dont le lac Victoria, et de plusieurs parcs nationaux comme le Maisa Marai. Des centaines de milliers de personnes en dépendent directement. Elle a pourtant perdu un quart de sa superficie en trente ans : en cause, l’empiétement de la population, la surexploitation des ressources et la distribution illégale de terres.

Dans les années 1990 sous le régime de Daniel Arap Moi, des milliers d’hectares ont ainsi été distribués, souvent pour acheter un soutien politique. Depuis, la propriété de ces terres fertiles est sans cesse contestée, et si plusieurs gouvernements ont déjà tenté les expulsions ils se sont chaque fois heurtés à de vives résistances.

Aujourd’hui, elles divisent le Jubilee, la coalition au pouvoir, et mettent le vice-président William Ruto dans une position délicate, explique DiSmas Mokua, analyste politique. C’est que la tribu Kalenjin, à laquelle appartient le vice-président, est la première concernée. Si William Ruto est jusqu’ici resté discret sur le sujet, ses proches ne cachent pas leur colère. Kipchumba Murkomen, le chef de la majorité au Sénat, a récemment dénoncé des expulsions brutales et de nombreuses violations des droits de l’homme.

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