Les taxis défilent devant ce panneau, pour rejoindre l'un des principaux garages. De loin, on aperçoit une frise de visages gris et flous, ceux des disparus. L'affiche a été créée par Alieu Cham, directeur d'une entreprise d'impression : « Voici le panneau, où il est écrit : « Cher gouvernement, nos familles ont besoin de pouvoir tourner la page, quand vas-tu commencer à nous rechercher ? ». On ne peut pas vivre en paix sans s'occuper de notre passé. »
L'initiative a été lancée par le Centre des victimes. L'organisation regrette ne pas être davantage entendue par le gouvernement, comme l'explique l'une de ses membres, Ayesha Jammeh : « A chaque fois que les dirigeants verront ce panneau, ils se souviendront des victimes qui ont disparu, et devront agir. Lorsque des membres de notre famille sont portés disparus, on ne peut pas aller de l'avant. Moi, je ne sais pas où mon père est enterré. Le gouvernement devrait communiquer avec les familles des victimes et leur dire "voilà où en est l'enquête". »
Mais, du côté du ministère de la Justice, l'avocat général Cherno Marenah rappelle les contraintes des autorités : « Le gouvernement a non seulement des difficultés financières, mais aussi techniques ; en termes de capacités, de recherche scientifique. On préfère ne pas avoir de corps, que de remettre le mauvais corps à une famille. Lorsqu'on exhume des corps, on veut le faire de manière professionnelle. Toutes ces considérations poussent le gouvernement à prendre son temps. »
La commission Vérité, Réconciliation et Réparation - en train de se mettre en place - devrait aussi permettre de faire la lumière sur le sort de ces disparus.