Dimanche dernier, alors qu’il était arrivé officiellement pour installer le nouveau gouverneur de la région du Moyen-Chari, le ministre de l’Administration du territoire Ahmat Mahamat Bachir ordonne au préfet du département d’installer en sa présence le sultan de Sarh. Celui-ci refuse. Lui et son adjoint, qui a aussi refusé d’obtempérer, seront suspendus de leurs fonctions séance tenante.
Finalement, c’est le secrétaire général de la région qui a procédé à l’installation du sultan. Il fallait agir aux forceps au nom de l’autorité de l’Etat, estime Ahmat Mahamat Bachir : « Ce n’est pas du tout normal qu’un décret ne puisse pas être appliqué. S’il y a des contestations, ils n’ont qu’à attaquer, mais agir de manière anarchique, diabolique, on ne tolèrera pas ça dans la IV République ».
Le Moyen-Chari, région à forte population animiste et chrétienne, ne peut s’accommoder d’une chefferie avec le vocable de sultanat. C’est un risque pour le vivre ensemble, réplique le député de Sarh, Nobo Ndjibo : « Le sultan dont il est question est-ce qu’il est vraiment le garant des us et coutumes ? Le président de la République a été induit en erreur, parce qu’un décret qui est contesté par toute la population, c’est qu’il y a un problème. Et nous ne voudrions pas que la mise en application puisse menacer la paix ».
Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, il y a quelques mois, les élus de la région, opposition et majorité confondues, ont attiré l’attention sur le risque que comporte ce procédé.