Avec notre correspondante à Buenos Aires, Aude Villiers-Moriamé
En 2016, le gouvernement argentin présente un ambitieux projet de réforme électorale. Le président de centre-droit tout juste élu, Mauricio Macri, affirme vouloir simplifier, moderniser et rendre plus transparent le système politique. Parmi les changements envisagés : la mise en place de machines à voter.
Au départ, le consensus est large sur cette question : les bulletins papier font régulièrement l'objet de fraudes. Le gouvernement commence alors à contacter une entreprise sud-coréenne, Miru Systems, pour la fabrication de ces machines...
Mais rapidement, certains experts en informatique tirent la sonnette d'alarme. Comme Javier Smaldone, spécialiste des systèmes de vote électronique :
« Tous les systèmes de vote électronique ont un problème en commun : quand l'électeur utilise une machine, rien ne lui garantit le secret de son vote. Il ne peut pas s'assurer que cet ordinateur ne permet à personne de l'observer. Car il est bien possible de pirater ces machines, simplement en utilisant un ordinateur et un poste de radio. L'électeur peut donc céder à des pressions », assure l'expert.
Face à ces critiques, les sénateurs argentins finissent par retirer les machines à voter de la réforme électorale. Quant aux quelques 100 000 appareils que le gouvernement comptait acheter à Miru Systems, les experts estiment qu'il s'agit des mêmes qui pourraient être utilisées en République démocratique du Congo.