avec notre envoyé spécial, Sébastien Jédor
Quand elle termine ses études de droit à Londres, Isioma Idigbe rejoint le cabinet d’avocat Punuka à Lagos. Il y a quelques mois, cette jeune juriste lance la branche spécialisée dans la culture, le divertissement et la musique. Mais aujourd’hui encore, Isioma Idigbe a l’impression de se battre avec des outils juridiques du Moyen Âge. « Nous avons des lois sur les droits d’auteur complètement dépassées ! On utilise la même loi depuis 1976 ! Les lois sur les droits d’auteur ne prennent pas en compte l’ère du digital : le streaming – l’écoute en ligne –, le piratage sur Internet... Adapter l’arsenal juridique du Nigeria, c’est le premier défi pour nous. »
Au Nigeria, quelques stars de l’afro-pop cartonnent sur Youtube, Facebook ou Instagram, mais combien de musiciens se font voler leur musique, transformée en sonnerie de téléphone portable sans qu’ils touchent un naira, la monnaie nationale ? C’est la question qui taraude la juriste Isioma Idigbe. « Nous n’avons en fait que deux grands artistes internationaux : Wizkid et Davido. Mais tellement d’autres artistes talentueux mériteraient d’être reconnus. Il faut qu’on génère des revenus localement. Mais on n’a pas encore trouvé comment monétiser le marché domestique, qui a un fort potentiel. »
Et une tendance inquiète l’avocate Isioma Idigbe: pour la première fois ces derniers mois, les revenus du streaming au Nigeria sont en baisse.