D'un côté, il y a le parti CNDD-FDD au pouvoir et tous ses alliés qui battent campagne pour le « ego »(« oui », en kirundi). Ils sont choyés par les médias publics, radio et télévision nationale, qui à longueur de journée font état de tous leurs déplacements. Chansons qui incitent à voter « ego » ou à la gloire du président Pierre Nkurunziza, danses, discours… Ces médias n'épargnent aucun détail à leurs auditeurs et téléspectateurs.
De l’autre côté, la coalition des indépendants Amizero y'Abarundi (l'Espoir des Burundais, en français), dirigée par Agathon Rwasa, est pratiquement la seule force politique qui laboure chaque jour le terrain en faveur de « oya », « non » dans la langue nationale du pays.
Ce mouvement politique ne se fait guère d'illusions sur l'issue d'un vote joué d'avance, selon tous les observateurs. Mais cette campagne a permis à son leader de sortir de l'isolement dans lequel le pouvoir burundais l'avait confiné depuis une dizaine d'années, en lui interdisant tout contact avec ses militants. De plus, à la surprise générale, il attire chaque jour des milliers de sympathisants.
L'opposition dénonce une « violation grave du code électoral »
Malgré cela, sa démarche n'a eu droit qu'à un seul reportage d'à peine une minute sur la radiotélévision nationale, le premier jour de la campagne. Depuis, plus rien.
En réaction, cette coalition a saisi la Commission électorale de ce qu'elle qualifie de « violation grave du code électoral », en vain : elle est restée sans aucune réponse jusqu’à présent. Quant à la Commission nationale de la communication, chargée de mettre en œuvre l’accès équitable aux médias, elle vient plutôt de suspendre en pleine campagne et pour six mois la BBC et Voice of America, les seules stations qui proposaient encore des débats contradictoires en kirundi, la langue nationale.
De quoi fermer pratiquement tout espace médiatique aux tenants du « non ».