Au 8e jour de la contestation sur la place du 13 Mai, le mouvement s'est voulu rassembleur. Militants et sympathisants des partis politiques de l'opposition venus de plusieurs régions de Madagascar, syndicats, militaires à la retraite, mais aussi simples citoyens se sont réunis pour demander à nouveau le départ du président Hery Rajaonarimampianina et de son gouvernement.
« Rajao va-t'en » ou encore « Nous n'avons pas besoin de la communauté internationale » pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants. La manifestation s'est déroulée dans une ambiance plutôt festive. Plusieurs artistes malgaches sont venus chanter sur l'estrade installée sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Des concerts entrecoupés de discours des députés de l'opposition.
Les députés ont décidé vers 15h d'investir les locaux de la Radio et de la Télévision nationale malgache. Seize d'entre eux s'y sont rendus pour exiger du directeur général de la chaine une prise d'antenne en direct sur-le-champ, car, selon eux, les médias publics « cachent ce qui se passe réellement sur la place du 13 Mai. »
« Nous voulons le même temps de parole que les députés du parti au pouvoir », ont-ils martelé, brandissant la menace de faire venir les manifestants dans les locaux. « On n'accepte plus que la TVM et la RNM ne diffusent que les informations du HVM, déclare Michel Jean-François, député du TIM (« Tiako I Madagasikara », « J'aime Madagascar ») le parti de l'ancien président Marc Ravalomanana. Il faut que l'opposition ait un temps d'antenne, surtout nous les 73 députés qui sommes du côté du peuple. À partir d'aujourd'hui, on n'acceptera plus cette situation ».
Si le directeur général de la chaîne n'accède pas à leurs requêtes, ces derniers feront venir les manifestants dans les locaux, ont-ils prévenu. « S'il vous plaît, ne faites pas venir la foule ici, a demandé Johary Ravoajanhary, directeur général de la TVM et de la RNM. Les employés sont encore traumatisés de ce qui est arrivé par le passé. Je vous en prie, ne faites pas venir la foule ici. Ne faites venir que des représentants du Parlement ».
Lors de la crise de 2009, le siège de la TVM et de la RNM avait été saccagé par les manifestants. Après une heure de discussion, le directeur général leur a promis de relayer les informations concernant leur mobilisation.