Ce que reconnaissent tous les experts de l’Angola, c’est qu’avant ou même pendant les élections, personne n’avait imaginé que Joao Lourenço irait si loin, si vite, même si tous estiment qu’il s’agit là avant tout d’une stratégie pour maintenir le MPLA au pouvoir.
Mais l’étonnement est plus grand encore chez les détracteurs du parti-Etat, comme l’explique Jon Schubert, professeur à l’université de Genève : « C’était plus simple pour l’opposition ou la société civile de se concentrer sur la personne de José Eduardo Dos Santos et de sa famille qui focalisaient et concrétisaient tout ce qui allait mal. Maintenant qu’ils ont été éloignés du pouvoir et que le nouveau président semble quand même répondre à quelques demandes les plus urgentes et les plus légitimes de l’opposition, ça enlève un peu les moyens à cette dernière de se positionner. »
Luaty Beirao a été l’un des premiers fils du MPLA à demander le départ de José Eduardo Dos Santos. Le rappeur et activiste parle d’une quasi-faillite de l’opposition : « Il y a des gens très bien dans chacun de ces partis, mais en tant que groupes ils ont presque fait faillite (…) Je pense que nous, nous avons d’autres objectifs à cibler. »
Pour Luaty Beirao, il faut que la société civile puisse profiter des nouveaux espaces de liberté pour pousser à de véritables changements dans le pays, sans chercher à tout prix la confrontation avec le nouveau pouvoir.