« Une farce. Une illusion ». Les anglophones ne mâchent pas leurs mots.
Loin de susciter une once d'espoir, la récente tournée du ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, a réveillé les crispations.
« Il n'a pas cherché à nous rencontrer et il parle de dialogue !? Mais de quel dialogue s'agit-il ? », s'exclame, exaspéré, un avocat de Buéa sous couvert d'anonymat.
Même son de cloche du côté des enseignants qui étaient en première ligne des revendications corporatistes, au début de la crise en novembre 2016.
« Il s'est contenté de voir les chefs traditionnels », dit avec amertume, un professeur à la retraite qui a préféré se réfugier dans son village, en raison des tensions qui règnent dans l'agglomération de Bamenda.
« Il brasse du vent parce que l'on est à l'approche de l'élection présidentielle. En réalité, le gouvernement ne fait rien pour régler la crise », poursuit-il.
Appel à des propositions concrètes
Joint par RFI, Mathias Ofon, représentant, à Bamenda, du Social Democratic Front (SDF), principal parti de l’opposition, renchérit en saluant la volonté du ministre à vouloir ramener le calme dans la zone mais en estimant qu'il n'y a rien de concret dans cette offre de dialogue.
« La situation sécuritaire est entre les mains du gouvernement. Avec tous les dégâts qu'ils ont causé dans certains villages de la zone anglophone, ils sont largement responsables de ce qui se passe. Je pense que c'est une bonne chose que Paul Atanga Nji vienne pour essayer de calmer la situation de part et d'autre. Pour ce qui est de l'offre de dialogue, depuis que le président l'a mentionné dans son discours de décembre 2017, tout le monde évoque ce dialogue. C’est notamment le cas des Nations unies et des organisations humanitaires mais on ne sait rien de ce dialogue et on en vient à se demander ce que ce que cela représente. On n'a rien de concret pour le moment ! Les hommes politiques viennent et se contentent de faire des déclarations sur le sujet. Tout le monde reconnaît que le dialogue est la solution mais personne n'a, jusque-là, fait un pas en avant en disant : voici ce que nous allons faire pour le concrétiser et ramener la paix dans le pays », a-t-il déclaré.