« Cela fait quatre ans que la justice transitionnelle a été mise en place. Et maintenant avec ce que dit le Parlement qui va s’occuper de nous ? Que va-t-on devenir ? On n’en sait rien ! Nous voulons savoir, nous voulons obtenir justice ». A l’image de Dalila Ben Hamouda, fille de prisonnier politique, une dizaine de victimes ont laissé éclater leur désarroi après la conférence de presse organisée au siège de l’IVD. Car derrière le débat juridique autour du sort de l’instance, il y a des personnes, 63 000 dossiers de plainte ont été déposés en quatre ans.
Salah Mansour est le président du Réseau tunisien de la justice transitionnelle, une association de victimes. Lui estime que le vote du Parlement contre la prolongation du mandat de l’IVD est illégal. Mais les tensions qui entourent la révélation de la vérité autour des crimes du passé ne le surprennent pas : « Il y a des gens qui se sentent menacés et qui réagissent. Mais nous notre problème c’est l’aboutissement du processus entier, et bafouer la législation, bafouer la constitution, bafouer la loi, ce n’est pas un bon présage ».
Si les adversaires de l’IVD obtiennent gain de cause et empêchent la prolongation de son mandat après le 31 mai, l’instance risque de ne pas avoir le temps de finir sa mission. Les semaines et les mois qui viennent seront donc décisifs pour l’avenir de la justice transitionnelle.