En quinze jours, quatre chefs d'Etat africains se sont rendus à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC) tandis que le président Joseph Kabila a effectué un voyage en Zambie.
L'Angolais João Lourenço et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso ont été les premiers à ouvrir le bal le 14 février dernier, avant même le Gabonais Ali Bongo et le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa. Les deux voisins n'ont jamais caché leur intérêt à voir la crise politique congolaise se résoudre au plus vite. Il s'agit de loin les deux pays africains les plus investis.
« La RDC est la mère de toutes les crises », avait expliqué à la presse le chef de la diplomatie angolaise lors du dernier sommet de l'Union africaine (UA). Il y a un an, l'Angola était même allé jusqu'à retirer ses formateurs militaires de RDC pour faire pression les autorités congolaises et arracher la signature de l'accord de la Saint-Sylvestre. Aujourd'hui, beaucoup de chancelleries occidentales comptent sur Luanda pour obtenir l'alternance en RDC.
L'Angola est donc poussé en première ligne sur la crise en RDC, comme d'ailleurs l'UA. Même le secrétaire général de l'ONU n'envisage aujourd'hui un voyage en RDC qu'accompagné du président de la commission de l'Union africaine. « Il n'y a que ces chefs d'Etat africains qui arriveront à convaincre Joseph Kabila de quitter le pouvoir », justifie une source diplomatique.
« Revirement »
Jusqu'ici, pour les Occidentaux, les « maillons faibles » semblaient être les pays d'Afrique australe. Mais depuis la chute du Sud-Africain Jacob Zuma, considéré comme proche de Joseph Kabila, et après la prise de position du Botswana très hostile au chef de l'Etat congolais, « on assiste à un revirement », ne cessent de répéter ces diplomates.
Ces derniers voient un nouveau signe dans la visite de l'allié traditionnel de la famille Kabila, Emmerson Mnangagwa, à Kinshasa cette semaine. Le nouveau président zimbabwéen a en effet insisté dans son discours sur l'importance du respect de la démocratie et de l'Etat de droit.
Joseph Kabila risque-t-il de se retrouver isolé sur le continent africain ? « Laissez-les rêver », rétorque sans ménagement un diplomate congolais.