C'est silence radio depuis deux jours. Les responsables onusiens au Burundi font profil bas et ne décrochent plus leurs téléphones, histoire de laisser passer ce coup de sang gouvernemental, qui les a pris de court.
Lundi, c'est l'harmonie totale. ONU, organisations humanitaires et gouvernement présentent conjointement ce rapport, sans le moindre couac. Le message du n°2 du ministère burundais des Relations extérieures est clair : le Burundi, dit-il, « lance son plan de réponse humanitaire 2018 », avant de faire siennes ses conclusions, qui décrivent une situation très sombre et fortement dégradée.
3,6 millions de personnes, un Burundais sur trois dit ce texte, auront besoin d'une assistance humanitaire cette année. Un chiffre en hausse de 20% par rapport à 2017. La presse internationale se saisit alors de l'affaire.
C'est trop pour Bujumbura, qui ne supporte pas que ses partenaires évoquent la crise qu'il traverse depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat en 2015, et qui assure contre vents et marées que « tout va pour le mieux » dans le pays.
Le porte-parole du gouvernement sort un communiqué incendiaire mercredi. Il annonce le rejet « en bloc » de ce rapport, en accusant au passage l'ONU de l'avoir écrit de « façon unilatérale ».
Un fonctionnaire onusien contacté à Bujumbura s'est dit surpris et déçu. Il dit espérer que cette montée de fièvre va passer très vite pour qu'ils se consacrent à l'essentiel, les millions de Burundais qui ont un besoin urgent d'aide alimentaire, sanitaire ou encore d'abris et d'eau.