Joseph Kabila a promis de « rassurer » et « clarifier la situation » au début de son intervention. Mais cette fois encore sur les questions les plus sensibles, le président de la RDC a botté en touche. Il a refusé de dire formellement qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, se contentant – sous les rires de ses conseillers – de faire remettre un exemplaire de la Constitution à la journaliste qui l'interrogeait.
Idem sur la question d'un possible référendum que l'opposition l'accuse de vouloir préparer pour rester au pouvoir. Joseph Kabila a répondu que l'actuel calendrier électoral ne prévoyait aucun référendum. Mais il a refusé de répondre lorsqu'on lui a demandé s'il pouvait promettre qu'en 2018 la Constitution ne serait pas modifiée.
Aucune annonce non plus sur les mesures dites de « décrispation » prévues dans l'accord politique signé l'an passé et dont les laïcs et l'ONU réclament l'application, comme la libération de prisonniers politiques ou le retour de certains opposants en exil par exemple. « Il y a eu beaucoup d'évolution, il y en aura encore. Ne vous en faites pas », a esquivé le président.
Joseph Kabila s'est cependant engagé à « tout faire pour que les élections soient effectivement organisées » et a promis que d'ici fin mars une « loi » viendrait « recadrer » le droit de manifester, et donner un « nouveau départ pour tous ceux qui souhaitent s'exprimer ». Sans plus de précision.
L’UDPS, la Cenco et la Monusco réagissent
Sans nommer l'UDPS, le principal parti d’opposition, Joseph Kabila a dit « rire » de voir certains appeler à défendre la Constitution quand ils s'étaient prononcé contre ce même texte. Pour le secrétaire général de l'UDPS, Jean-Marc Kabund, « monsieur Kabila lance un débat dépassé. Je crois savoir qu’il veut créer des diversions, dans la mesure où il fait la confusion entre un débat démocratique autour d’une loi opposée au référendum ou à un vote et le respect de cette loi acceptée par tous. »
Mais Joseph Kabila a aussi tenu à recadrer l'Eglise catholique, qui, selon lui, n’a pas à se mêler du processus électoral. La réaction de la conférence épiscopale congolaise ne s’est pas fait attendre. Donatien Nshole, porte-parole de la Cenco, estime au contraire que « l'Eglise doit être présente là où la population souffre. C'est le cas en RDC. Et c'est la crise socio-politique qui a accentué cette souffrance, donc c'est tout à fait normal que les évêques travaillent pour la consolidation de la démocratie. »
Autre cible du président congolais : la Monusco. Le chef de l’État a accusé la mission des Nations unies dans le pays de chercher à co-gérer la République démocratique du Congo. « Il s’agit de la déclaration du président de notre pays hôte et vous comprendrez bien qu’il ne nous est pas possible de commenter directement les propos du chef de l’Etat, prévient Florence Marchal, porte-parole de la Monusco à Kinshasa. Je peux toutefois vous assurer que nous maintenons un dialogue permanent avec le gouvernement congolais sur la mise en œuvre de notre mandat et sur notre soutien aux autorités pour le bien-être des populations congolaises. »
La Monusco rappelle que ses priorités actuelles sont d’une part, « le soutien à l’organisation des élections – et ceci dans le cadre dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 » et, d’autre part, « la neutralisation des groupes armés à l’appui des autorités de la RDC ». Et Florence Marchal de conclure : « Nous sommes là, non pas pour nous substituer aux autorités mais pour les renforcer dans l’exercice de leurs responsabilités vis-à-vis du peuple congolais. »